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mardi 15 avril 2008

Requiem pour les IDSR

(Initialement publié le 06/09/2004 )

Un très mauvais coup porté à la connaissance des accidents



Qu'était un IDSR ?

Les IDSR (Inspecteurs Départementaux de Sécurité Routière) étaient des bénévoles oeuvrant pour la sécurité routière au sein d'un programme (le programme REAGIR). Celui-ci était né d'une volonté politique visant à améliorer la connaissance des accidents.

Après avoir reçu une formation de 3 jours, leurs rôles étaient :
- D'initier ou de participer à des actions de sécurité routière
- D'analyser toutes les causes intervenant dans des accidents de la route et de proposer des solutions concrètes pour éviter d'autres accidents.

Ces IDSR venaient de l'administration (police, gendarmerie, DDE, sapeurs-pompiers…), mais aussi d'associations et même du secteur privé (assureurs, auto-écoles…).

Concernant le volet accidentologie ce programme à fonctionné plus ou moins bien selon la volonté des préfectures. Certaines mandatant de nombreuses enquêtes, d'autres les négligeant. Mais les IDSR, eux, ont toujours fait leur travail, avec plus ou moins de professionnalisme certes, mais dans l'immense majorité avec un grand sérieux et une parfaite honnêteté.
Leur bilan ne peut pas être remis en cause, des milliers de propositions ont été faites et de nombreuses (particulièrement au niveau de l'infrastructure et des actions de prévention) ont été concrétisé. Dans leurs enquêtes ils allaient toujours plus loin que ne pouvait le faire la police ou la gendarmerie dans le cadre restreint d'un Procès-Verbal. Ils (particulièrement les IDSR travaillant dans le privé) ont rogné sur leur temps libre et leurs congés pour exécuter ces enquêtes.

Un coup de poignard dans le dos :

En 2002, le rapport du préfet Régis Guyot insistait à plusieurs reprises sur la recherche en accidentologie et tout particulièrement en ce qui concerne les deux-roues motorisés :

" Un vigoureux effort de recherche est indispensable Il doit porter sur l'accidentologie, les véhicules et les équipements de protection, l'infrastructure, les comportements ".

" Tout progrès passe par le développement méthodique de la connaissance de l'accidentologie.
La recherche, publique comme privée, s'est plus intéressée à l'automobile qu'aux deux-roues motorisés, […]. On est ainsi en présence d'un paradoxe : ce sont les véhicules les plus vulnérables qui font l'objet du moindre effort de recherche ".

Nous pouvions donc nous attendre à un coup d'accélérateur sur le nombre d'enquêtes réalisées par les IDSR.
C'est donc avec stupéfaction et consternation qu'en début d'année nous avons appris notre disparition dès le 30 juin 2004.

Langue de bois : " les nouvelles orientations de la politique locale "

Dans un style lyrique et dans un document de 32 pages format " power point " un grandiose projet nous a été dévoilé : Mobilisation et Professionnalisation !

Mobilisation :
Les ex-IDSR qui " adhéreront au programme de mobilisation seront :
- Orientés vers des associations sélectionnées par la préfecture
- Mobilisés pour des actions proposées par la préfecture
- Et si ils ont un projet, ils seront dirigés vers une nouveauté : la maison de la sécurité routière.

La maison de la Sécurité routière est un lieu que l'on imagine cossu,car il comprendra un lieu d'accueil, des salles de réunion, un lieu de consultation de documents et " si possible " (et sans rire) un lieu de restauration !
Elle sera tenue par deux équivalents temps plein pour l'animation, dont un animateur permanent (pas de précision sur le cuisinier et les serveurs…).
Soit le gouvernement a décidé de jeter l'argent (facilement gagné par les radars automatiques) par la fenêtre, soit, cette dépense somptuaire restera à l'état de promesse.
Sachant qu'il y a quelques années, la préfecture de Loire-Atlantique a refusé ma demande d'acquérir un ouvrage d'une valeur d'un quinzaine d'euros, arguant un manque de crédit, je penche pour la seconde alternative.

Professionnalisation :
Les IDSR seront remplacés par des " professionnels "
Ils seront rémunérés.
Ils seront issus de l'administration : police, gendarmerie, DDE et désignés ( !) par leur chef de service.
Ils feront 3 à 4 enquêtes par an
Pour devenir " professionnels ", ils recevront une formation de … 3 jours ! La même durée que celle des anciens IDSR

Ont leur adjoindra :
Des psychologues (recrutés où ? Payés sur quelle base ?)
Des Médecins
Des experts automobiles (ce ne peut pas être des experts judiciaires car ils ne sont pas assez nombreux, alors, des experts d'assurances pour chiffrer les dommages ?)
Un contrôle des enquêtes se fera : " sur atteinte des objectifs ". Ce qui est inquiétant.

Les motivations du gouvernement

Il est difficile de comprendre les motifs qui ont conduit le ministre de Robien à saborder une structure qui fonctionnait et avait prouvé son efficacité.
L'usine à gaz technocratique sensée remplacer le programme réagir, indique une idée force : une main mise complète sur la sécurité routière.
La société civile est totalement écartée au profit de l'administration. C'est le préfet qui décide de tout : les actions, les enjeux, les association " amies ", l'utilisation de l'argent, les enquêtes.
Les enquêteurs n'ont aucune liberté. J'imagine mal un policier, sous contrôle de sa hiérarchie et du préfet, critiquer le procès verbal d'un collègue. Un enquêteur de la DDE ne pourra pas plus mettre en cause une infrastructure accidentogène.

Conclusion

L'argument avancé pour écarter les IDSR est : ils n'ont pas la compétence requise en physique et donc ils doivent être remplacés par des " professionnels " spécialistes. C'est à dire, des gendarmes désignés et devenant experts en 3 jours !

Incompétence, voilà le prétexte utilisé par le ministre de Robien pour se débarrasser des centaines de bénévoles, qui ont donné à la société leur temps et leur intelligence.
Que masque l'arrogance de ce ministre ? Probablement le désir que son discours simpliste sur l'accidentologie, avec la seule répression comme remède, ne souffre d'aucune voix discordante.

Inspecteurs Départementaux de Sécurité Routière, non, vous n'avez pas démérités !

Gilles
Consultant en accidentologie
des deux-roues motorisés
Ex-IDSR

4 commentaires:

Gilles a dit…

Commentaire du 09/11/2004, par Loïc

Ex IDSR je suis aussi affligé de cette décision.
Comment faire pour se battre contre les idées reçues sur les motards ?
Quelle structure pour continuer ? (devenir expert judiciaire ?)
Il est clair que le ministre confisque tout espace de démocratie ,mais le motard a de la memoire ...

Loïc,militant ffmc

Gilles a dit…

12/11/2004 - Réponse au commentaire de Loïc, par Gilles.

Loïc,

Il n'y a aucune structure qui permette de remplacer les IDSR.
Il est pratiquement impossible de devenir expert judiciaire, soit disant il y en a trop ! (3 expert judiciaires automobiles pour toutes la cour
d'appel de Rennes, et à ma connaissance, aucun expert judiciaire spécialisé en moto en France...). En fait ils sont peu
employés et de plus sont souvent enfermés dans des questions étroites (à quelle vitesse roulaient les véhicules)et
de toutes manières, n'ont aucune ou très peu de connaissance sur la moto.

Acmé a en partie vu le jour en raison de la disparition des IDSR. l'idée est de créer une base de donné qui montrerait ce
qu'est un motard et une moto. Que cette base de donnée puisse donner des informations aux motards qui en ont besoin. Et aussi, par le biais des
témoignages, de déterminer des causes et des circonstances fréquentes d'accident, ce qui éviterait les affirmations
à l'emporte-pièce du genre "si les motards ont des accidents, c'est parce qu'ils roulent trop vite".
Nous souhaitons que le site d'Acmé soit fréquenté par des non-motards: curieux, étudiants, journalistes (qui font
l'opinion), médecins (qui nous soignent) et magistrats (qui nous jugent)et qu'ils puissent se faire leur propre opinion sur ce que l'on est
réellement, avec nos qualités et nos défauts.
Comme nous n'avons pratiquement pas accès au grands médias alors que la désinformation gouvernementale s'étale partout,
une méthode est d'accumuler les témoignages, les articles, les informations pour avoir au moins un argumentation inattaquable à
présenter aux médias et au public.

Gilles, ex-IDSR

Gilles a dit…

Commentaire du 15/02/2005, par B12R

salut a tous

évidement si un organisme contredit ou fait apparaitre des défauts dans la politique ou dans l'organisation de la
sécurité (surtout pour les motards) il feront ce qu'il faut pour dissoudre et reformer du personnel qui dirons comme eux.

pour ma part j'ai mis le lien de ce site sur un forum de passionné de moto (donc pas que des motards même si c'est la
majorité)www.motorun.net

merci a vous A+ et bonne route

Gilles a dit…

Commentaire du 21/02/2005, par Alain Vannereau

Cher Monsieur,
j'ai lu avec interet l'article paru dans Moto 2 de fevrier 2005 et je vais ajouter quelques remarques a ce sujet et sur ce que j'ai lu sur votre
site.
Pour votre information un expert en automobile et non pas un "expert d'assurance" n'est pas uniquement un "chiffreur de dommages"
pour les sociétés d'assurances mais un technicien dont la profession est règlementée sanctionnée par un diplome
d'état (ce qui n'est pas forcemment le cas pour un expert judiciaire)
De plus la Chambre Syndicales des Experts en Automobile de France (CSNEAF) dont je suis membre a une commission accidentologie active pourvue de
logiciels et d'accidentologues reconnus qui travaillent en collaboration avec les médecins experts.
Je suis moi meme motard, Expert en automobile et recruté par la préfecture de mon département pour la mise en place de ces
nouvelles commissions. Ne tirons pas sur le pianiste attendons de voir et agissons ensuite.
Quant à la page de couverture de moto 2 elle vous associe en tant qu'expert d'assurance !! étonnant non?
Continuez votre action mais associez-y les personnes compétantes.
je reste a votre disposition