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mardi 15 avril 2008

Les motards roulent t'ils trop vite ? III - Réalités

(Initialement publié le 22/01/2005)


Un consensus apparaît, et autant chez les automobilistes que chez les pilotes de motos, pour dire que les motards roulent vite.
Faute d'études approfondies sur notre comportement, il est parfaitement impossible de préciser l'ampleur de ce phénomène. Donc, les motards roulent vite, mais où ? Quand ? Dans quelle proportion ? On ne peut que préciser le propos, poser des bases de réflexions et apporter quelques observations.
Les observations suivantes sont des généralités, qui seraient évidemment démenties par des cas particuliers.

La problématique

Une interrogation double
Cette question peut s'entendre de deux manières différentes :
Les motards roulent-ils au-dessus des limitations de vitesse ?
Ou, les motards roulent-ils trop vite pour leur sécurité ?

La communication institutionnelle, ne reculant devant aucune simplification, indique qu'en dépassant les limites de vitesse nous sommes en insécurité et qu'en les respectant strictement nous ne courons quasiment aucun risque. Il est inutile d'épiloguer sur l'inanité de cette affirmation.

Une question de proportion
Les pouvoirs publics lorsqu'ils affirment " 7 motards sur 10 ne respectent pas les limitations de vitesse, notamment en agglomération ", laissent entendre que l'infraction est permanente.
Il faut donc définir si les motards ne roulent jamais en excès de vitesse, parfois en excès de vitesse ou toujours en excès de vitesse.
Le jamais et le toujours en excès de vitesse, ne correspondent certainement à aucun usager, qu'il conduise une voiture, un poids lourd ou une moto. Un élément de la question est donc de savoir dans quelle proportion un motard respecte et ne respecte pas les limitations de vitesse.

1. Etat des lieux

Motards, un monde très hétérogène…

Lorsque l'on dit " les motards ", on évoque une communauté, liée par une même passion pour leur monture et par une forte solidarité. Mais on ne peut pas appliquer un comportement unique à des individus très différents.
L'âge des motards varient de 14 ans (âge des premiers 50cc à vitesse), à plus de 75 ans.
Les milieux sociaux et culturels sont extrêmement variés. Toutes les classes sociales, toutes les professions sont atteintes par ce virus. Religieux ou athées, homosexuels ou hétérosexuels, de droite, de gauche ou abstentionnistes, Basques, Normands, Provençaux ou Antillais, citadin ou rural, la communauté motarde reflète la société entière. Seule note dominante, les motards sont très majoritairement des hommes. Encore que cette caractéristique est probablement historique, car les motardes sont de plus en plus nombreuses.
Il est donc impossible d'appliquer un comportement uniforme à des individus extrêmement différents, même si ils partagent la même passion.

…avec quelques cas particuliers

1. Age et situation de famille :

Un pilote de deux-roues jeune aura tendance à prendre plus de risques qu'un pilote plus âgé. C'est une réalité humaine que la plus brutale répression ne pourra que freiner, et encore… D'où l'importance de l'éducation et d'obtenir la possibilité de transgresser les règles en sécurité (sur des pistes ou des lieux dédiés à la pratique du deux - roues). Mais, ne généralisons pas, de nombreux jeunes sont parfaitement conscients des dangers de la route et conduisent avec la plus grande prudence.

La prise de risque diminue dès que le (ou la) pilote vit en couple. Et lorsque qu'il (ou elle) a des enfants, la sécurité est recherchée avant tout. C'est un cas général chez les motards, beaucoup plus que chez les automobilistes pour qui la réalité de l'accident est moins perceptible.

2. Nord contre sud

C'est une réalité, on ne conduit pas de la même manière dans certaines régions du sud que dans le reste de la France, et c'est valable pour les motards comme pour les automobilistes. La différence joue surtout sur l'habillement (explicable par les températures) et le respect strict des règles du code de la route. Ce qui ne signifie pas que l'on roule plus vite dans le sud qu'ailleurs en France. Attention, cela reste une généralité inapplicable à des cas particuliers. Je connais des motards Nîmois qui ne sortiraient pas sans leur cuir, par les pires canicules, quant aux motards fous, Normands ou Alsaciens, ils existent !

3. Paris, cas à part

La taille de l'agglomération, le stress, l'habitude, le périphérique, les très larges boulevards, le nombre des professionnels se déplaçant en deux-roues, tout cela amène un style de conduite plus agressif qu'en province. Tout motard et tout automobiliste provincial égaré dans Paris, le constatera immédiatement. Cependant, si l'on observe la circulation, on constate que ces conduites agressives et risquées sont le fait d'une minorité de pilotes de deux-roues comme d'automobilistes. Evidemment, ce sont ceux que l'on remarque. Fidèle à notre tradition jacobine, les médias nationaux présente l'exemple de Paris comme représentatif de la France entière.

Les types de motos (voir article " différents types de motos ", sur ce site)

Le choix et le pilotage d'un type de moto, induira, plus ou moins, un type de comportement. Les remarques suivantes sont des généralités qui ne s'appliqueront pas forcément à un motard particulier.
Une 125 est parfaitement capable de commettre un excès de vitesse en ville, tout comme une hyper-sportive peut respecter scrupuleusement les 50 km/h réglementaire.

Les sportives
Ce sont les plus tentatrices, mais surtout sur des routes larges et en bonne état. Leur manque de maniabilité et la position du pilote, ne favorisent pas l'excès de vitesse en ville, ou alors très ponctuellement sur une grande ligne droite et pour le plaisir de l'accélération. Le propriétaire de sportive évitera soigneusement la prise de risque à basse vitesse, car la chute (sur un giratoire, par exemple) coûte une petite fortune (carénage, particulièrement). Evidemment, le pilote de sportive qui fait de gros sacrifices financiers pour l'entretien de sa machine, cherchera à profiter des performances de sa moto. C'est cette population qui demande avec le plus d'assiduité des pistes de pilotage. Les routières Motos conçues pour rouler confortablement et en sécurité à haute vitesse sur de belles routes, l'excès de vitesse sera limité aux belles nationales, quatre voies et autoroutes. Leur poids et leur largeur (valises) ne favorisent pas leur évolution en ville. Le coût d'une chute et le fait que l'âge des pilotes de routières est plus élevé que la moyenne en font des motos peu accidentogène.

Les customs
La catégorie la moins susceptible de commettre des excès de vitesse. La position peu ergonomique du pilote (pieds en avant, bras écartés), l'absence de protection à la pression de l'air, rend l'excès de vitesse improbable ou faible sur route. Ce sont d'ailleurs des motos que l'on croise rarement sur les autoroutes. Par contre, le couple énorme et placé très bas dans les tours, permet à certaines de ces motos des départs " boulet de canon " aux feux rouges.

Les trails
En mettant de côté les gros trails-routiers qui s'apparentent aux routières, le trail urbain est une machine légère et très maniable. Avec son couple placé à bas régime, c'est la moto la plus ludique en ville. Ce n'est pas la catégorie qui incite le plus à l'excès de vitesse en zone urbaine, mais c'est celle qui peut induire le plus facilement la prise de risque (slaloms). Sur les grandes voies, la forte la prise au vent ( hauteur de la machine) et la puissance limitée ne favorisent pas la vitesse.

Les basiques
Leur cylindrées et leur puissances limitées ne leur permettent pas d'atteindre de hautes vitesses sur autoroute, ni dans les centre ville (distances trop faibles pour l'accélération). Si le pilote de basique commet des excès de vitesse ce sera sur le réseau national ou départemental, et en ville sur les boulevards péri-urbains. La philosophie de la basique n'incite pas à une conduite incisive.

Les roadsters
Comportent deux catégories.

1. Les gros roadsters, motos très puissantes, dépourvues de protection et lourdes. Ces motos sont choisies par des pilotes expérimentés qui privilégient la puissance à tous les régimes plutôt que la vitesse de pointe. Le pilote aura tendance à éviter les autoroutes et à avoir la main légère sur la poignée des gaz en ville. Son plaisir, il le trouvera sur les petites routes sinueuses ou sa maîtrise du pilotage pourra s'exprimer.

2. Les roadsters de cylindrée moyenne (600 cc). C'est la catégorie la plus " pousse au crime ". Ce sont des motos légères, maniables, puissantes mais seulement à haut régime. L'agrément de conduite intervient haut dans les tours et il faut surveiller consciencieusement son indicateur de vitesse pour ne pas atteindre des vitesses prohibées en ville. Parfois équipées d'une petite protection ( tête de fourche), la tentation est forte sur route de céder à la griserie de l'envolée dans les tours. Un pilote confirmé trouvera son plaisir dans la maîtrise de ces motos légères et puissantes, mais ces roadsters sont souvent choisis par des motards jeunes qui peuvent se laisser surprendre par ces machines.
Paradoxalement, les roadsters de cylindrées intermédiaires (750 cc), plus souples, incitent à une conduite plus calme.

La pratique du pilotage

La pratique comporte deux éléments :

1. l'expérience de conduite, qui permet de reconnaître très rapidement et même parfois intuitivement une situation à risque.
2. la maîtrise de la technique de pilotage. Elle ne peut s'apprendre que par un entraînement régulier et sous le contrôle de professionnels ou de motards très expérimentés. A ce propos, nous ne pouvons que regretter l'absence de lieux dédiés à cette formation.

Un motard qui a l'expérience et la maîtrise à la possibilité de rouler plus vite qu'un pilote moins aguerri, avec la même marge de sécurité. L'expérience amène également à la prudence et c'est rarement cette catégorie de motards qui sont victimes d'accidents.

Une remarque. Le pilote qui sort d'une formation de perfectionnement est plus susceptible d'avoir un accident dans les semaines qui suivent. Cela provient d'un phénomène de compensation identique à celui induit par les freinages assistés (intégral, ABS). Ayant une meilleure maîtrise de sa machine, il aura tendance à réduire sa marge de sécurité antérieure et parfois trop, jusqu'à ce qu'il retrouve une nouvelle marge de sécurité.

2. La réalité de la conduite des motards

Une description qui fait la quasi-unanimité chez les motards concernant leur pilotage, est de dire qu'ils adaptent leur vitesse aux lieux et circonstances. C'est aussi une formulation diplomatique pour dire qu'ils prennent des libertés avec les limitations de vitesse.
Mais cela correspond certainement à une vérité. En raison du rapport poids/puissance très favorable, un pilote de moto effectue des changements d'allure avec plus d'aisance et de vivacité. Sa vitesse sera moins linéaire que celle d'un automobiliste.

Sur route, il semble probable que les motards roulent en moyenne plus vite que les automobilistes.
Les écoles de conduite elles-même, préconisent aux motos de rouler légèrement au-dessus de la vitesse des automobiles, pour des raisons de sécurité.

En ville, une minorité de motards dépasse régulièrement la vitesse autorisée et encore sur de petites distances. Le motard est conscient de son fragile équilibre. Du gas-oil ou du gravier dans un giratoire et c'est la chute certaine. La grande majorité des motards adoptent une attitude prudente dans les zones identifiées comme à risque. D'autant qu'il se sait peu visible en raison de son faible gabarit, et malgré son phare. Sa vision n'est pas gênée par les angles mort d'une automobile, il est donc plus conscient des risques (piétons, intersections).

Conclusion

Connaître la vitesse moyenne des motards demanderait une étude approfondie et, en dehors de la curiosité, ne présenterait que peu d'intérêt. La vitesse est rarement le facteur principal d'un accident et lorsque c'est le cas, les bonnes questions sont : quelle erreur d'appréciation a commis le pilote ? Et pourquoi ?
Des études comportementales approfondies seraient, elles, très profitables afin de mettre en exergue nos fautes, nos défauts et nos erreurs.

Quant à notre vitesse, il semble que le fait de se livrer à des excès de vitesse ponctuels nous fait surestimer notre vitesse moyenne. Les chiffres de la sécurité routière, pour imprécis qu'ils soient, semblent confirmer ce fait :

Vitesse moyenne des motos relevée en 2003 :
Autoroutes de liaison : 130 km/h pour 130.
Routes nationales à 2 x 2 voies : 113 km/h pour 110.
Routes nationales à 2 ou 3 voies : 98 km/h pour 90.
Routes départementales à grande circulation : 96 km/h pour 90.

Il resterait à étudier notre vitesse moyenne dans différents points d'agglomérations ( hors embouteillages, naturellement). En comparant avec la vitesse des automobiles aux mêmes endroits, nous obtiendrions, sinon une image exacte, une approximation de notre gestion de la vitesse au quotidien et selon le type d'infrastructure.

Cerise sur le gâteau

Après avoir écrit cet article, est paru le rapport de l'étude MAIDS (Motorcycle Accident in Depth Study). Cette très sérieuse étude, a été réalisée par l'ACEM ( Association des Constructeurs Européens de Motocycles) avec le soutien de la commission européenne et avec une méthodologie élaborée par l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement économiques) - http://maids.acembike.org
Portant sur 921 accidents et sur 923 cas d'exposition au risque dans 5 régions test (France, Allemagne, Espagne, Italie et Pays-Bas), une de ces conclusions indique :

" L'excès de vitesse n'a contribué à l'accident que dans quelques cas isolés ".

Et de préciser : " Dans la majorité des cas étudiés, la cause de l'accident était l'erreur humaine. Le plus souvent, un autre conducteur n'avait pas détecté la présence du deux-roues dans la circulation automobile en raison d'un moment d'inattention, d'une obstruction temporaire du champ de vision ou de la faible visibilité du deux-roues ".

Gilles

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