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mercredi 11 juin 2008

Policiers et gendarmes : ennemis potentiels du motard accidenté ?

Le problème évoqué est limité à la rédaction du procès-verbal. Ce document est la pièce centrale, sur laquelle les assureurs s’appuieront pour déterminer les responsabilités, et donc les indemnisations.
Si l’accident entraîne un procès, le procès-verbal fera foi « jusqu'à preuve du contraire ». En cas de procès mal rédigé, incomplet, ou partial, le motard victime aura beaucoup de difficulté à faire reconnaître son absence de responsabilité. D’autant que les magistrats n’aiment pas déjuger les forces de l’ordre.

Préambule

Cet article ne doit pas être compris comme une condamnation des forces de l’ordre. Il est donc nécessaire de replacer le cadre de cet article.

1- Je ne parle que des enquêtes de police et de gendarmerie dans le cadre d’un accident mettant en cause un deux-roues motorisé, et de la rédaction du procès-verbal. Je n’émets donc aucun avis sur la qualité du travail des milliers de fonctionnaires qui s’acquittent des multiples autres tâches entrant dans leur fonction.

2- Parmi les milliers de PV rédigés chaque année pour des accidents de motos, seules trois douzaines sont portés à ma connaissance. Et comme ce sont des accidents qui posent un problème lié à la détermination des responsabilités, il est probable qu’il y ait les pires.

Ce n’est d’ailleurs pas toujours le cas. Je suis resté admiratif devant la qualité d’un PV de police dans une ville au nord de la capitale. Les enquêteurs ont relevé tous les éléments disponibles sur le lieu de l’accident. Les dépositions des témoins ont ensuite été recueillies par des policiers qui connaissaient parfaitement les éléments du dossier. Ce qui fait qu’à chaque précision apportée par le témoin, le policier posait la question pertinente qui permettait de faire progresser l’enquête. Les enquêteurs ont effectué les recherches et vérifications les plus complètes possible, sans même oublier de vérifier ce que pouvait voir les témoins, en se repositionnant aux emplacements que chacun occupait. Un travail tout simplement remarquable.

Je pense aussi aux gendarmes d’une petite ville du Maine et Loire, qui ont considéré le lieu de l’accident comme « une scène de crime ». Ils ont méthodiquement positionné sur un plan tous les débris de la moto, et de la voiture. De ce travail méticuleux et fastidieux, d’autant qu’il était effectué de nuit, le point de choc, et les trajectoires d’après choc de la moto et de l’automobile étaient évidentes à reconstituer. Une aide précieuse pour la détermination des circonstances de l’accident, et de la vitesse des véhicules.

Je connais, des policiers et des gendarmes consciencieux jusqu’au scrupule, dont la rectitude ne peut que faire éprouver du respect.
Seulement, dans toutes les professions, on trouve le meilleur et le pire, policiers et gendarmes ne dérogent pas à la règle. A noter que le fonctionnaire qui rédige mal un procès-verbal, sera peut-être le premier à sauter à l’eau pour sauver la vie d’un de ses concitoyens…


Les procès-verbaux à problème

PV indigents = manque de formation ?

Relever précisément la situation après l’accident, prendre les dépositions, rechercher les informations pertinentes, est un travail qui ne s’improvise pas.

L’indigence de nombreux procès verbaux provient probablement d’un manque de formation des policiers et gendarmes. On n’a visiblement pas appris à certains fonctionnaires l’importance de cette enquête sur la détermination des responsabilités, et en conséquence sur l’indemnisation des victimes.

Il semble bien que certains enquêteurs perçoivent cette tâche comme une inutile paperasserie. C’est probablement ce qui amène à écarter les dépositions de témoins d’une phase de l’accident, ou étant intervenus immédiatement après le choc. Plusieurs témoins nous ont déclaré que les enquêteurs leur ont demandé si ils avaient vu le déroulement de l’accident. Comme ils ont répondu que non, mais qu’ils sont intervenus juste après, ils se sont vu répondre qu’il était alors inutile de prendre leur déposition. Souvent leurs coordonnées n’ont même pas été relevées. Cela peut nous priver d’informations capitales : position d’avertisseurs de changement de direction, ou de gyrophares, emplacement exact des véhicules avant leur déplacement, manœuvre d’un véhicule juste avant le choc, attitude ou déclaration des protagonistes, etc…

Exemples des éléments manquant dans certains procès verbaux :

- Pas de recherche de la zone de choc.
- Le plan n’indique pas la position finale du corps du pilote de la moto.
- Plus rarement, la position finale de la moto n’est pas non plus indiquée.
- Certaines mesures de distance ne sont pas notées.
- Parfois ces mesures sont erronées.
- Aucune précision n’est demandée aux protagonistes, ou aux témoins, lors de leurs dépositions.
Etc…

Des procès-verbaux partiaux

Pourquoi la rédaction de certains procès-verbaux indique clairement que ses rédacteurs ont déjà attribué la responsabilité de l’accident au motocycliste ?
Nous pouvons risquer trois explications.

1. Il s’agit d’un simple parti pris : « les motos roulent toujours trop vite ». Cette attitude ne demande pas plus de commentaire, elle relève simplement de la bêtise.

2. Très fréquemment, le motard blessé est rapidement transporté à l’hôpital après l’accident. Policiers ou gendarmes se retrouvent face à un automobiliste en état de choc, qui n’a pas vu (ou plus exactement, pas pris conscience), de l’arrivée de la moto. Pour cet automobiliste, la seule explication est que la moto roulait très vite.

Par un phénomène d’empathie, les enquêteurs vont adhérer à l’explication d’un automobiliste sincère, d’autant qu’ils n’ont pas la version du motocycliste.
Cela amènera une rédaction du PV favorable à l’automobiliste (je ne pense pas que dans tous les cas, cela soit fait consciemment). Cela est particulièrement visible quand la description de l’accident coïncide exactement aux déclarations de l’automobiliste en cause.

3. Il semble surprenant que l’on puisse ne pas éprouver de compassion envers la victime d’un accident. Pourtant ce phénomène a été expliqué par des théories de psycho-sociologie. Il s’agit notamment de : « la croyance en un monde juste » (Lerner et Simmons, 1966). Le postulat est que l’on croit que ce qui arrive à quelqu’un d’autre est juste, c’est-à-dire que la victime est à l’origine de son dommage : « Si il arrive quelque chose de mal à quelqu’un, c’est qu’il s’est mal conduit, et si je me comporte bien, il ne peut rien m’arriver ». Cette théorie a été validée par de nombreuses recherches, et cette croyance est largement partagée, mais à des degrés très divers. Il existerait un lien entre cette croyance et une propension à se conduire de façon autoritaire et à avoir une grande confiance envers toute figure d’autorité. A priori, cette structure mentale ne doit pas être rare chez les forces de l’ordre.

Le procès-verbal partial se reconnaît dans la présentation des faits. Les témoignages défavorables seront mis en valeur. La moto sera qualifiée de « puissante », ou « de forte cylindrée ».

Dès la première page du PV, dans la rubrique « Nature des faits », on éprouve l’impression que les enquêteurs ont assisté à l’accident :

« Monsieur CÉLAIRE Jacques pilotait sa Kawasaki à une vitesse excessive à l’intérieur du carrefour […] ». (PV Police)

Dans la rubrique : « Infractions susceptibles d’être relevées » est noté :
Défaut de maîtrise de la vitesse d’un véhicule eu égard aux circonstances – art. L 1er, R11-1, R232 du code de la route. (PV Gendarmerie).
Cette qualification fourre-tout est bien pratique, car elle peut être appliquée à tous les véhicules impliqués dans un accident.
Lorsque cette « Infraction susceptible d’être relevée » est notée, les assureurs l’utilisent sans honte pour refuser toute indemnisation au motard.

Voici une conclusion d’un procès verbal, par ailleurs correctement rédigé, qui ne peut relever que d’un parti pris. La vitesse de la moto était de l’ordre de 35 à 40 km/h :
« Il s’avère compte tenu des circonstances et des constatations que, [le pilote de la moto], conduisait à une vitesse supérieure à 50 km/h » (PV Police).

Procès-verbaux manipulés ?

Certains détails, ou certaines conclusions dans des procès-verbaux sont tellement étranges, qu’il est possible de penser que cela ne relève pas que de simples erreurs de la part des fonctionnaires.

Si ces suspicions étaient avérées, nous serions dans des cas très graves, où un fonctionnaire assermenté, présenterait ou modifierait les faits, afin de nuire à une des partie, ou, plus souvent, pour en protéger une autre.
Si c’était le cas, il ne serait pas certain que policiers ou gendarmes qui se livreraient à cette manipulation se rendraient compte qu’ils flirteraient avec une qualification criminelle telles que le faux en écriture publique.
Où alors, ils seraient parfaitement conscients de leur impunité. En effet, il est quasiment impossible de prouver l’acte intentionnel, ou la volonté de nuire. De plus, ils se savent protégés par leur hiérarchie, par les parquets, et souvent par les juges. Il semble exister en France une règle non écrite qui exige qu’un policier ou un gendarme ne puisse, ni se tromper, ni être malhonnête.

On ne peut émettre que des hypothèses sur les raisons qui pourraient amener à de telles manipulations, et elles semblent être de trois ordres :

1. La moins probable, mais que j’ai soupçonné dans un cas : une phobie de la moto. Ce problème psychologique serait probablement à rechercher dans le passé du fonctionnaire.

2. Le fonctionnaire connaîtrait une des parties. Cela peut se produire particulièrement dans les zones rurales, c’est pour cela que la grande majorité de ces PV douteux le sont en zone gendarmerie. Il est possible d’imaginer également qu’il puisse y avoir une transaction financière de la part d’un conducteur soucieux de ne pas avoir d’ennui. Je pense que si cela c’était produit, le cas serait rare.

3. Un autre cas, qui pourrait être plus fréquent, serait que le fonctionnaire reçoive des pressions. Lorsqu’un des protagonistes de l’accident possède des relations influentes, ces pressions pourraient venir d’un supérieur hiérarchique, d’un élu politique, voir d’un parquet. Cependant, dans la grande majorité des cas c’est le maire d’une commune qui pourrait se trouver à l’origine des ces hypothétiques sollicitations.

Le maire pourrait avoir deux raisons pour intervenir :

- Masquer la responsabilité de la commune (point noir non traité, panneaux ou visibilité masqués par de la végétation…).

- Un des protagonistes de l’accident a, de par ses fonctions, un poids électoral important dans sa commune (chef d’entreprise, agriculteur…). Cette motivation ne pourrait se retrouver pratiquement qu’en zone de gendarmerie.

Exemples d’éléments rencontrés dans des PV, et qui permettraient d’envisager une manipulation dans sa rédaction :

- Photo avec une légende erronée. Exemple, l’automobile d’un protagoniste de l’accident est photographiée stationnée sur une bande d’arrêt d’urgence. La légende prétend qu’il s’agit de la position normale de marche du véhicule. (Gendarmerie).

- Lors d’un accident de nuit et sans témoin, la femme prétend être la conductrice. Les enquêteurs effectuent un dépistage d’alcoolémie sur la conductrice déclarée, mais pas sur son mari qui lui prétend être passager (Gendarmerie- Il est à noter que cette gendarmerie m’a également interdit d’examiner la moto accidentée).

- Description d’une végétation basse en séparation de deux chaussées, alors qu’elle était haute le jour de l’accident (Police)

- Photo prise en entrée de virage la où il y avait peu de gravillons, alors que l’accident s’est produit en milieu de virage, là où étaient les gravillons. Cela ne pouvait être une erreur, le blessé et la moto étant toujours positionnés dans leur position finale (Gendarmerie).

- Vitesse de la moto calculée à plus de 200 km/h, grâce à une règle de trois (!). En plus il est permis de se demander si il n’y aurait pas eu une subornation de témoin (Gendarmerie).

- Photo représentant un angle mort inexistant dans un véhicule, lors d’une reconstitution d’accident (Gendarmerie).

- Déclaration du motocycliste lui étant très défavorable, recueilli par le fonctionnaire alors que ce motocycliste se trouve sur son lit d’hôpital, sous morphine.

- Gendarmerie encore, ils ont "reconstitué" les 300 derniers mètres du parcours du motard à l'aide de leur « véhicule de dotation », pour en arriver à la conclusion suivante : « De part une vitesse élevée de la moto, il est tout à fait probable que la conductrice du VL n’ait pu avoir le temps de percevoir la moto arriver avant de débuter sa manœuvre ». Pour valider cette conclusion il aurait fallu que le motocycliste, ainsi que les gendarmes avec leur « véhicule de dotation », soient sortis d’un giratoire pour aborder un droite-gauche bien, serré, pour franchir ensuite une ligne droite de 150 m à une vitesse supérieure à 270 km/h !

- En se fondant sur un témoignage très douteux, et en éliminant les témoignages favorables au motocycliste, les enquêteurs inventent une trajectoire insensée à la moto (Gendarmerie – peut-être une explication, l’automobiliste travaillait à la mairie de la commune où est installé la gendarmerie).

- Enfin, mais là il s’agit peut-être d’une énorme bourde. Gendarmes : « Ces informations nous permettent d’établir les conclusions suivantes : […] alors que M. "N" [témoin] parcourait une distance d’environ 500 m […], le motocycliste parcourait une distance d’environ 2 500 m ». Bien entendu, il n'était pas précisé que M."N" avait déclaré : « Je devais rouler entre 70 et 80 km/h ». Ce qui fait que la moto roulant 5 fois plus vite, était à une vitesse moyenne comprise entre 350 et 400 km/h, sur une petite route de campagne sinueuse.

Conclusions

La qualité des procès-verbaux pourrait être grandement améliorée. La première étape consisterait à étudier une procédure commune à la police et à la gendarmerie. Cette procédure amènerait à traiter le lieu d’un accident comme une « scène de crime », en relevant minutieusement chaque indice, et son emplacement. L’étude de cette procédure pourrait être confiée aux accidentologues de l’INRETS (Institut National de REcherche sur les Transports et leur Sécurité), en collaboration avec des policiers et gendarmes. Ce serait la garantie d’avoir une procédure fiable, efficace et réalisable sur le terrain.

Les psychologues de L’INRETS pourraient également former les fonctionnaires à recueillir les témoignages. Les témoins ne déclarant pas forcément toutes les informations pertinentes, mais le plus souvent les faits qui les ont le plus marqués.

De plus, les fonctionnaires ont tendance à retranscrire les déclarations (parfois peu claires) en fonction de leur propre compréhension. Ils y mettent des termes techniques qu’il est peut probable que le témoin utilise (feux tricolores, indicateurs de changement de direction…). Cela peut modifier sensiblement la « tonalité », voir le sens d’un témoignage.

Sur quelques PV de police, témoins et protagonistes sont sommairement interrogés sur les lieux de l’accident, puis sont convoqués ultérieurement pour une déposition plus complète. Cette méthode est particulièrement intéressante, au niveau des divergences entre les déclarations.

Il faudrait un gros effort de formation des enquêteurs. De plus, la fonction de ces enquêteurs mériterait d’être valorisée, car outre les connaissances, cette mission demande des qualités de rigueur, de méthode, de déduction, et de perspicacité.

De meilleurs PV faciliteraient la détermination des responsabilités. Cela pourrait également fournir la matière pour des études d’accidentologie à grande échelle.

En ce qui nous concerne, en cas d’accident, le premier conseil est de se reporter aux recommandations de notre article : Après un accident, agir rapidement pour conserver ses droits

Et en cas de doute lors de l’élaboration du procès-verbal, ne pas hésiter à recourir à un conseil d’un professionnel du droit.

Gilles
Expert privé

mercredi 21 mai 2008

Accidents médiatiques – Accidents anonymes – Et la Justice ?

Villiers le Bel

Le dimanche 25 novembre 2007, deux adolescents de 15 et 16 ans, circulant sur une moto non homologuée, sur la commune de Villiers Le Bel, trouvaient la mort dans une collision avec une voiture de police. Les émeutes qui suivirent cet accident sont dans toutes les mémoires.

Nous devions apprendre rapidement que les jeunes circulaient sur une mini-moto (en fait, une Kawasaki KX 80, semblerait-il), et que le véhicule était volé, ce qui était faux.

L’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) écarte rapidement la responsabilité des policiers, en affirmant que la voiture de police circulait au pas, et que les importants dommages constatés sur le véhicule de police s’expliquaient par des dégradations à coup de barres de fer, commises après l’accident.

J’ai beau être d’un naturel circonspect, interrogé sur France-Inter, je réfutais ces deux affirmations. L’IGPN devait me donner raison en revenant sur leurs déclarations. Actuellement leur version est une vitesse d’environ 40 km/h pour la voiture de police (ce qui paraît être un strict minimum), et de 70 km/h pour la Kawasaki (ce qui me semble une vitesse très élevée).

A ce jour, plus de nouvelle, l’enquête se poursuit lentement…


Vienne

Le vendredi 18 avril 2008, un camion coupait la route de deux motards à Vienne (38). Le chauffeur du poids lourd effectuait une manœuvre interdite, et avait un taux d’alcoolémie de 0,42 mg par litre d'air expiré au lieu de 0,25 (équivalent à 0,84 g d’alcool par litre de sang, au lieu de 0,5). Les deux motocyclistes étaient deux jeunes policiers, se rendant à leur travail.

Le jour même, François Fillon, premier ministre, a fait part de sa « solidarité » et de sa « sympathie » envers la police, et a « assuré l'ensemble des forces de sécurité de sa détermination à lutter contre le fléau de l'alcool au volant ». L’après-midi c’est au tour de Michèle Alliot-Marie, ministre de l’intérieur, qui rencontre les familles et les collègues des deux victimes au commissariat de Vénissieux. Elle déclare : « L'origine de ce drame prouve la légitimité de notre lutte contre l'alcoolisme ». A noter que rien ne prouve que le chauffeur incriminé soit alcoolique.

Dans un premier temps, Franck Rastoul procureur de la République de Vienne, avait déclaré : « Le secteur est limité à 50 km/h, mais en voyant l'état du camion et de la moto, on peut penser objectivement que la moto ne roulait pas à 50 km/h, mais je n'ai pas d'éléments objectifs techniques pour le dire » (Le point.fr). Il a également indiqué que des expertises étaient en cours, en précisant que : « Il n'est pas certain que l'on puisse déterminer à coup sûr la vitesse de la moto et en tout cas cela peut prendre beaucoup de temps ».

Probablement sous la pression de ces hautes interventions politiques, en se fondant sur un témoignage qui semble douteux, il déclarait ensuite que le respect de la vitesse limite (50 km/h) était un fait établi.

Selon une procédure accélérée que je n’ai jamais rencontrée dans un autre accident de moto, le chauffeur était jugé dès le lundi suivant, soit le premier jour ouvrable après l’accident.

Le procureur Franck Rastoul, a requis six ans de prison dont deux avec sursis et une interdiction définitive d'exercer sa profession en dénonçant des faits d'une « gravité absolue » et une « irresponsabilité totale » de la part du prévenu.

Le chauffeur a été condamné à 5 ans de prison, dont deux ans ferme, et à une annulation de son permis de conduire avec interdiction de le repasser pendant trois ans.
Le procureur insatisfait a déclaré qu’il comptait faire appel.


Les anonymes

Un jugement récent. Un automobiliste avec une alcoolémie de 2,05 g/l, refuse la priorité à une moto. Le jeune couple, pilote et passagère de la moto sont tués. L’automobiliste, un retraité, a été condamné à 1 an de prison ferme et à l'annulation de son permis avec interdiction de le repasser pendant 5 ans.

Dans un autre accident, un chauffeur poids lourd, probablement sous l’influence du cannabis, a coupé la route à une moto lors d’une manœuvre de tourne à gauche, hors agglomération. Là aussi le jeune couple de motocyclistes est décédé. Après deux ans et demi de procédure, et malgré les obstacles dressés par des gendarmes, le père du motocycliste, avec un courage obstiné, a obtenu la reconnaissance que son fils n’avait pas commis de faute. Le chauffeur routier a été condamné à une peine exceptionnellement lourde : 3 ans de prison dont 18 mois ferme.

Un autre accident identique : manœuvre de tourne à gauche d’un poids lourd en agglomération, (conducteur peut-être sous l’influence du cannabis). Le motocycliste percute la remorque et décède. Sur la foi de trois témoignages indirects (aucun témoin n’a assisté à l’accident), le procureur classe l’affaire sans suite pour vitesse excessive de la moto. La famille du motard poursuit actuellement la procédure.

Encore un autre accident similaire, mais hors agglomération. Manœuvre de tourne à gauche d’un poids lourd. Décès du motocycliste arrivant en face, malgré une tentative d’évitement. Là aussi le procureur classe sans suite, en se fiant à une « expertise » dont la simple lecture atteste d’un réel manque de sérieux. Et là encore, la famille se bat courageusement pour que la vérité soit reconnue.


Commentaires

Concernant l’accident de Villiers le Bel, avant de déterminer des responsabilités à l’accident, il faudrait connaitre et étudier les circonstances de ce drame. Donc je suis dans l’incapacité d’émettre un quelconque avis sur ces responsabilités.

Pour l’accident de Vienne, même sans tenir compte de la manœuvre interdite et de l’alcoolémie, et quelque soit la vitesse de la moto, le conducteur du poids lourd aurait du percevoir l’arrivée de la moto (accident de nuit et apparemment en ligne droite). Aussi ma commisération se porte, sans la moindre retenu vers le pilote et le passager de la moto.

Cependant, il me semble difficile de considérer que le chauffeur du poids lourd ait réellement été jugé avec équité. Les circonstances de l’accident semblent nettement plus complexe que ce que l’on a bien voulu nous dire.

Dès le jour de l’accident, la plupart des médias, sans aucune réserve, avait déclaré coupable le conducteur.
Les propos du ministre de l’intérieur étaient un message clair tant vis-à-vis de l’opinion que des magistrats.
Le procureur l’a parfaitement compris, en proférant des propos qui n’auraient jamais été tenus si les motocyclistes avaient été de simples salariés.
Le juge, même si il a modéré son jugement par rapport aux réquisitions, a refusé d’entendre l’unique témoin. Tout cela semble avoir ébranlé les journalistes, qui, au ton des articles, se demandent si un jugement éclair, sans chercher à connaître toutes les circonstances de l’accident, est réellement équitable.


Egalité et Vérité

Juxtaposer ces différents drames permet de tirer deux conclusions.

La première : si des policiers sont en cause dans un accident, tout sera fait pour préserver le dogme comme quoi un fonctionnaire n'est pas un homme comme les autres : il ne peut commettre ni faute, ni erreur.

Une communication basée sur des « erreurs » comme dans l’accident de Villiers le Bel, ou une justice expéditive, comme dans l’accident de Vienne, est contre-productive. Cela accrédite le fait qu’il existe une justice à deux vitesses. Cela ternit autant l’image de la justice, que celle des forces de l’ordre.

La seconde, est que lorsqu’un motard est tué, si celui-ci ne fait pas partie d’une « profession protégée », il sera souvent présumé coupable d’excès de vitesse.

Les motards accidentés, les familles de motards décédés, demandent qu’un coupable soit sanctionné. Ils demandent réparation de leur préjudice.
Mais avant toute chose, ils exigent de connaître la vérité, ou tout au moins que celle-ci soit recherchée, sans préjugé, et que chacun soit traité également, et équitablement.

C’est le devoir et l’honneur de la justice.


Gilles
Expert privé

lundi 5 mai 2008

Accident de moto : dysfonctionnements multiples

Récit et suites intolérables d’un dramatique accident

Responsables des dysfonctionnements successifs dans cet accident:
Police - Assurance de la victime - Assurance de l’adversaire – Procureur - Juges.


Avertissement

Cet article ne vise pas à la polémique et surtout pas à une mise en accusation générale de la justice et des magistrats. Il démontre seulement que dans ce cas précis, le dysfonctionnement de la justice a crée une situation dramatique, insupportable et inadmissible, pour un justiciable parfaitement innocent. Et aussi, que dans toutes les professions il existe des individus qui exercent mal leur métier, voir, sabotent leur travail. Seulement, ce n’est pas exagérément grave lorsqu’un boulanger cuit mal son pain ; cela devient intolérable lorsque que le parti pris d’un procureur aggrave d’une manière inadmissible les souffrances d’une famille.

Il faut dénoncer ces dysfonctionnements, il ne faut pas qu’ils se reproduisent.


Alban

La victime, que nous appellerons Alban, est un brillant informaticien de 40 ans, gérant de société et auteur d’articles dans des revues d’informatique.
Il est marié, et père de deux jeunes enfants. Au moment de l’accident, sa femme, enceinte, attendait leur 3ème enfant, aujourd’hui âgé de 3 ans.


Les circonstances de l’accident

Il s’agit d’une configuration d’accident simple, mais malheureusement très courante dans les accidents graves de moto.

En 2003, Alban circule en ville au guidon de sa moto, sur un boulevard en ligne droite.
En sens inverse, une automobile s’apprête à tourner à gauche, en coupant la voie de circulation où circule Alban. Certainement par inattention, l’automobiliste ne remarque pas la moto et lui coupe la route.

Alban n’a pas le temps de freiner, sa moto percute de biais le capot de l’automobile, et il est projeté sur la chaussée, à 8-9 mètres de la collision.

Les dommages causés aux véhicules sont peu importants et indiquent une vitesse faible des deux véhicules. Mon expertise mandatée par Alban, indiquera une vitesse de l’ordre de 10 km/h pour l’automobile et comprise entre 35 et 40 km/h pour la moto.

La Suzuki a heurté l’avant gauche de l’automobile légèrement de biais. L’arrière de la moto s’est soulevé, éjectant le pilote. L’arrière de la moto a basculé par-dessus l’avant, enfonçant le bord du toit et du pare-brise de l’automobile. Toute son énergie cinétique dissipée, la Suzuki est retombée devant l’automobile, en sens inverse de son mouvement initial.

Les conséquences de l’accident

De sa chute, Alban n’a subi qu’une seule blessure. Malheureusement il s’agit d’une fracture des cervicales, à l’origine d’une tétraplégie haute.
Il vit depuis dans un état de très grande dépendance nécessitant l’aide d’une tierce personne pour tous les actes de la vie quotidienne (ITT de 92% !).


Premier dysfonctionnement : La propre assurance du motard

L’assurance d’Alban a eu une attitude scandaleuse. Utilisant le prétexte qu’une fraction de la prime d’assurance a été payée avec un léger retard, elle a prétendu auprès des enquêteurs de police qu’Alban n’était pas assuré. L’assurance n’a pas pu maintenir cette position intenable, mais cela a certainement influencé négativement les enquêteurs de police.


Deuxième dysfonctionnement : Le procès verbal de police

Le procès verbal de police n’est pas particulièrement mal rédigé. Les enquêteurs de police ont visiblement fait leur travail avec sérieux et honnêteté. Mais, on y trouve une phrase de conclusion du gardien de la paix rédacteur du PV, qui pèsera lourd dans la suite de la procédure :
« Il s’avère compte tenu des circonstances et des constatations que, [le pilote de la moto], conduisait à une vitesse supérieure à 50 km/h ».
Pourquoi cette conclusion ? Peut-être par préjugé. Probablement par manque de formation sur l’accident, et par méconnaissance de l’importance du procès-verbal pour la victime.


Première audience pénale, 9 mois après l’accident

A l’issue de cette audience, le tribunal a reconnu l’absence de tort d’Alban, ce qui lui ouvrait le droit à une indemnisation totale de son préjudice.


Troisième dysfonctionnement : audience d’appel correctionnel, 1 an et 8 mois après l’accident

Les sommes en jeu étant très importantes, la partie adverse a fait appel de la décision. Cette nouvelle audience devait être marquée par l’attitude proprement scandaleuse de l’avocat général.

Tout d’abord c’est le juge qui constatant l’absence de la victime devant le tribunal, s’emporte contre la légèreté de cette attitude. L’avocat du motard est obligée d’expliquer que la victime étant un grand tétraplégique, son transport est impossible. Silence gêné, par ses propos, le juge venait de faire savoir qu’il était entré en séance sans avoir lu le dossier.

Rappelons maintenant le rôle du magistrat du ministère public *
« Son souci de la loi doit être constant dans ses interventions car il agit en tant que représentant de la souveraineté nationale ».
Il « développe librement les observations orales qu'il croit convenables au bien de la Justice (article 33 du Code de procédure pénale) ».
Est-ce que cette très large liberté de parole autorise l’avocat général à dire n’importe quoi, au nom d’un « intérêt général » qu’il aurait lui-même défini ? Certainement pas !
« Plus la liberté est grande, plus l'exigence d'une éthique est forte ».
« Le magistrat du ministère public présente objectivement les charges qui sont dans le dossier... et uniquement celles qui sont dans le dossier... »
« L'accusation ne peut reposer que sur des charges sérieuses, précises, concordantes... on n'accuse pas au "bénéfice du doute"... les éléments "à décharge" ne peuvent naturellement être "gommés". »

Dans cette audience, les propos véhéments de l’avocat général ont clairement laissé entendre qu’il utilisait ses hautes fonctions pour régler un compte personnel.

Rejetant autant les faits, que l’expertise, il s’est lancé dans une diatribe acharnée contre les motards en général, et Alban en particulier. Pêle-mêle, les motards ont été qualifiés : « d’individus dangereux, n’ayant aucun souci de la sécurité des autres, roulant en ville à tombeaux ouverts, qui se croient tout permis , et qu’il serait bon de mettre hors d’état de nuire ».
En s’époumonant il prit à partie son auditoire : « Rendez-vous compte, les motards roulent à 180 km/h ! Je les ai vu ! ».

Sans aucune décence, ces propos diffamatoires, ont été vociférés en l’absence d’Alban, mais devant sa propre mère, dont nous pouvons imaginer la détresse.

Résultat de cette agitation, le procureur a arraché un partage de responsabilité d’un quart pour Alban, trois quarts pour l’automobiliste. Beau tableau de chasse ! Cela limite d’autant les perspectives d’indemnisation, qui, comme nous le verrons plus loin, relèvent de la simple survie pour Alban.


La situation d’Alban

Un an et quatre mois après son accident, Alban a pu rejoindre sa famille et son domicile, pour constater que celui-ci devait être entièrement réaménagé en fonction de son handicap.

Pendant plusieurs mois Alban est demeuré dans un lit installé dans l’entrée de sa maison, dans une situation d’inconfort préoccupante pour son état. Ses fonds propres lui ont ensuite permis de financer l’installation d’un ascenseur lui donnant accès à une chambre située à l’étage de son domicile. Celle-ci a été aménagée sommairement pour l’accueillir, mais il ne disposait pas de suffisamment d’argent pour y installer un système de chauffage et de climatisation.
Depuis plus trois ans, Alban n’a jamais pu prendre une douche faute d’adaptation de son domicile.

Après un accident cardio-vasculaire et de nombreux épisodes d’asphyxies particulièrement traumatisants, son état demande une surveillance constante vingt quatre heures sur vingt quatre. Seulement sa situation financière ne lui permet évidemment pas de financer le coût d’une tierce personne à temps complet. Selon l’association d’aide à domicile rurale (ADMR), le coût s’élèverait à 19.50 € par heure (en 2007). La compagnie d’assurance débitrice a bien versé une provision dans le mois suivant, sans que cette somme suffise toutefois à financer le coût des travaux et de la tierce personne (montant estimé de ces coûts : 150 000 € par an).

Alors il est aidé par son épouse et des employés à domicile intervenant dans le cadre de contrats de travail passés directement avec sa famille.

Ces derniers temps l’état de santé d’Alban s’est dégradé, notamment après une nouvelle intervention chirurgicale pratiquée deux ans et 9 mois après son accident.

Ses conditions de vie, dans une maison non adaptée, son état de santé précaire, conjugués aux multiples situations qui ont failli causer sa mort, placent Alban dans un état dépressif sévère, mais tellement compréhensible. Et pourtant, il affronte sa situation avec un courage réellement admirable.

Trois ans et un mois après son accident, les médecins experts, mandatés tant par Alban que par l’assurance adverse, l’ont examiné pour établir le bilan de ses séquelles. Ils ont conclu que des travaux urgents de climatisation devaient être entrepris à son domicile, sous peine de mettre en cause son pronostic vital.


Quatrième dysfonctionnement : audience pénale sur intérêt civil, 3 ans et 2 mois après l’accident

Malgré la gravité des conclusions du rapport d’expertise médicale, malgré l’urgence de faire face aux besoins matériels vitaux d’Alban, la cour d’appel, sur une demande de l’assurance adverse, reporte l’examen de l’affaire. Cela inflige à Alban un nouveau délai d’attente de trois mois. Or cela signifie qu’il n’aura la possibilité de faire installer un chauffage, vital pour lui, qu’au printemps suivant. Soit après les mois d’hiver. Soit trois ans et demi après l’accident !

Le retard imposé dans le processus d’indemnisation d’Alban, sachant la gravité de son état, sachant l’urgence de ses besoins matériels, n’est pas admissible.
Le déroulement de la procédure judiciaire, participe à l’aggravation de sa situation et est de nature à mettre en danger sa vie.

L’attitude de l’assurance adverse, pour qui tout retard dans la juste indemnisation est un gain pour ses actionnaires, tout comme celle de la justice, n’est pas supportable.


Nous ne devons pas accepter cela !

Aujourd’hui, un homme de 43 ans a sa vie brisée. Sa femme, ses parents, ses trois jeunes enfants, vivent dans la gêne et dans l’angoisse. Sa faute ? Il n’en a commis aucune.
Il s’est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Ensuite, son parcours a croisé des assureurs sans moralité, un procureur haineux, et une justice dont la lenteur devient fautive (3ans et demi, pour une indemnisation vitale !).

Il est difficile pour de simples citoyens de faire progresser le système. Mais, pour éviter de nous retrouver demain dans la même situation qu’Alban, en raison de simples préjugés, il y a une chose que nous ne devons plus tolérer. Ce sont les campagnes de dénigrement, les affirmations diffamatoires nous faisant passer pour des asociaux irresponsables. Que ces propos émanent d’un gouvernant, d’un fonctionnaire, d’un média ou d’un scientifique, nous devons réagir, immédiatement. Décrochons notre téléphone, utilisons la poste, la télécopie ou le mail, mais ne laissons plus la désinformation nous salir.

C’est une question de solidarité et de justice.


Gilles
Expert privé

* Les phrases en italiques, sont extrait d’un exposé remarquable et d’une parfaite clarté :
« Ethique du magistrat du parquet à l’audience », par Monsieur Jean-Claude BERLIOZ, Avocat général près la Cour d'appel de Chambéry.

dimanche 4 mai 2008

Epilogue sur les IDSR

Cela fait presque 4 ans que les Inspecteurs Départementaux de Sécurité Routière ont été assassinés d'un coup de couteau dans le dos par l'ex-ministre de Robien.
Les Inspecteurs qui étudiaient des accidents, ont été remplacés par des "intervenants" qui dispensent la bonne parole gouvernementale, selon le bon vouloir du préfêt.
Maintenant, nous avons le recul nécessaire pour constater que les "maisons de la sécurité routière", et les enquêtes effectuées par des "experts", n'ont quasiment pas vu le jour.

Quelques voix se font entendre pour demander un retour des IDSR, tels qu'ils travaillaient à l'époque.
Maintenant que de Robien n'est plus ministre, et a même été proprement éjecté de sa mairie d'Amiens, peut-on espérer le retour d'initiatives permettant aux citoyens de se réapproprier l'étude de nos problèmes ? Je reste dubitatif...

Gilles
ex-IDSR

jeudi 1 mai 2008

Liste des articles publiés sur ce blog

02 Informations concernant l'accident

Témoignage lors du procès-verbal : son importance 1
La déclaration du motard accidenté : comment le motard doit formuler sa relation des faits auprès des enquêteurs de police ou de gendarmerie.

Témoignage lors du procès-verbal : son importance 2

La déclaration du témoin d'un accident : comment rédiger une
attestation écrite ? Comment être un bon témoin ? Que doit-on observer sur le lieu d'un accident ?

Problèmes concernant l'indemnisation des victimes
Problèmes posés par les experts médicaux. Rôle du médecin expert et d'un avocat spécialisé en dommages corporels.

Après un accident, agir rapidement pour conserver ses droits
Tous les conseils concernant ce qu'il est utile de faire, le plus rapidement possible après l'accident.

Après un accident, faut-il porter plainte ?
Pourquoi porter plainte, et comment.
http://acme2roues.blogspot.com/2008/04/aprs-un-accident-faut-il-porter-plainte.html

Policiers et gendarmes : ennemis potentiels du motard accidenté ?
Les différentes sortes de procès-verbaux d'accidents posant des problèmes aux accidentés. Essai d'explication de l'origine de ces problèmes, et ébauche de solutions.

03 Récits et suites d'accidents

Accident de moto : dysfonctionnement multiples
Récit d'un accident dramatiques dont les conséquences ont été aggravées par de multiples dysfonctionnements.


04 Articles concernant la moto

Les motards roulent t-ils trop vite ? I- Mensonges
Quelques mensonges sur la vitesse, communiqués par les gouvernements ou les médias.

Les motards roulent t-ils trop vite ? II- fantasmes
Eléments permettant d'expliquer la réputations des motards.

Les motards roulent t-ils trop vite ? III- Réalités
Observations et éléments de réflexions sur la conduite des motards.

Différents types de motos... et de motards
Pour les lecteurs non motocyclistes, une présentation des principaux types de motos

Temps de réaction au freinage d'un motocycliste
Résumé d'une étude de la Fédération Motocycliste du Québec (FMQ)


05 Sujets d'actualité

Accidents médiatiques - Accidents anonymes - Et la justice ?
Villiers le Bel, Vienne, et les accidentés anonymes. Même justice pour tous ?

Epilogue sur les IDSR
Un court bilan 4 ans après.

Réponse à un article "fumeux"
Réponse de Gilles, un peu colère, à un article de Michel GODET, professeur au conservatoire national des arts et métiers, publié dans Ouest France du 12/08/06.

Propagande de Robien, colère de motard
Commentaires de Gilles sur des dialogues en direct avec des internautes, du ministre de Robien et son séide Rémy Heitz, le 22 février 2005.

M6 - Réponse à l'émission du 10 octobre 2004
Réponse de Philippe Deruffe, à l'odieuse émission de M6

Allumage des feux de jour et environnement
Article du 14/10/2004, par Joseph.

Reportage "Chauffards sur deux-roues" sur M6 (10 octobre 2004)
Retranscription et commentaires par Gilles d'extraits de l'émission la plus motophobe jamais diffusée. Avec le trio : de Villardière (présentateur), de Robien (ministre), Denormandie (chirurgien).

Allumage des feux de jour
Réfutation de l'argumentation gouvernementale, par Gilles, le 20/09/2004.

Requiem pour les IDSR
Un article de Gilles sur la supression, par de Robien, des Inspecteurs Départementaux de Sécurité Routière (06/09/2004).


06 Témoignages

Ce matin là... Télescopage entre deux mondes
Un témoignage très fort sur la réalité de l'accident, par la courageuse Lilou.

Une dent dure - Danger totalement imprévisible
Petite cause, grave effet ; les danger des routes de campagne par YoYo.

Conversation brulante - Inattention et téléphone portable
Le type d'accident qui ne devrait pas se produire, par Yves.

Brutale fin de journée
Type d'accident fréquent, avec souvent des conséquences gravissimes, par Kristof.

Une si belle journée hivernale. Automobiliste étourdi
Avec son courage et son gros coeur, Petitjean raconte son très grave accident. Certainement la configuration d'accident qui provoque le plus de décès de motards.

La loi du plus fort : le shérif
Philippe raconte l'attitude d'une imbécilité révoltante d'unautomobiliste.

Jeu de C... Course-poursuite sous contrainte
Automobiliste tueur, un cauchemar raconté par Vincent.

Le souffle de la mort
Il s'en est fallu de quelques centimètres, par Gilles.

Sueur froide au soleil
J'ai croisé la route d'un authentique psychopathe, par Gilles

jeudi 17 avril 2008

Ce matin là... Télescopage entre deux mondes

(Initialement publié le 20/03/2005)
Par LILOU

Plus forte que l'accident !

Lilou - 22 ans - Honda 600 Hornet
Samedi de mars vers 11h45, temps couvert, chaussée humide
route départementale, état moyen - Ligne droite en sommet de cote
Vitesse limitée : 90 km/h


Le récit

L'année 2004 a été une année maudite pour moi. J'ai pris une suspension de permis pour excès de vitesse en janvier!!!
Suite à ça, j'ai vendu ma voiture en attendant la décision du tribunal de police ( ça va il a été sympa le juge). Puis, suite à mon audience en mars, j'apprends que j'ai le droit de reconduire incessamment sous peu. Super, je vais racheter une voiture!!!!
Donc ce fameux matin de mars, avec mon copain, et après étude de plusieurs endroits à visiter pour voir des voitures, nous prenons la moto. Je tiens à dire que l'on avait quand même hésité un petit peu à prendre la moto, car le temps était changeant. Puis hop, tellement mordus les loulous, qu'on a pris la moto, quitte à se prendre une averse, mais bon...Et on est parti avec un autre copain et sa copine, eux sur une Yamaha 600 FAZER.

Arrivés au premier carrefour, on avait le choix entre deux routes différentes, moi je voulais celle de droite, et les gars voulaient aller tout droit. bref, on est parti tout droit. On a passé le premier bled de cette longue ligne droite vallonnée, puis on en est sorti pour aller en direction du suivant.

Vous savez comme moi que les passagers, à part regarder le paysage, il n'y a pas grand chose à faire. Donc, arrivés dans un sommet de côte avant le bled suivant, je vois sur ma droite une route de campagne qui débouche sur la départementale par un " cédez le passage ". Sur cette route de campagne, un gros tracteur vert avec sa "jolie" remorque rouge derrière. Etant prioritaire sur notre voie, nous, on s'est pas inquiété, et moi j'ai continué à regarder la marche du tracteur en regardant le conducteur ( pépé de 70 ans sans permis!!!). Celui-ci, en arrivant au cédez le passage, dépasse le nez des lignes d'un bon mètre. Il regarde vite fait à sa droite, et redémarre en tournant à gauche sans regarder ce qui vient de ce côté là.

Le conducteur du tracteur est resté dans le milieu de la route, ce qui fait qu'il n'y avait aucune façon de s'en réchapper. Son tracteur prenait la largeur de la voie de gauche, et sa remorque toute la largeur de la voie de droite, c'était sans issue !
Aussitôt, en voyant le grand père s'engager, ( c'est un refus de priorité quand même) mon copain a freiné comme il a pu, mais la roue arrière s'est bloquée, et elle a décroché, nous emmenant percuter l'essieu de la remorque, et nous projetant tous les deux dans les choux.
Nos amis qui nous suivaient se sont faits percuter par le retour du choc de notre moto, et eux aussi ont fait la culbute!!

les premiers arrivés sur les lieux étaient les gendarmes qui fatalement, sans aucune conclusion et explication de notre part, ont pensé obligatoirement à "l'excès de vitesse" par excellence!!!
Ensuite les pompiers, 4 brigades en tout, on en avait chacun une pour notre service!!
Puis les médecins du smur, obligatoire du fait que mon copain avait perdu connaissance sur le choc.

Quant à moi, plus le temps passe, plus les souvenirs s'estompent, mais je garde en mémoire le bruit de la sirène au loin qui arrive, et on a l'impression que ça dure des heures et des heures,...
Ma première réaction a été de savoir où j'avais mal, une sorte d'auto bilan personnel, car je vous assure qu'entre le moment où on est éjecté, et le moment où on s'immobilise à terre, ça parait une éternité, et on se demande dans quel état on va ressortir...

Je crois que ma plus grande frayeur, c'est quand ma copine, après être venue voir si j'allais bien, est allée voir mon copain, et qu'il ne parlait plus. elle lui a parlé pendant 5 minutes, en disant :" répond moi, répond moi, je suis là, répond moi!! " et que vous n'entendez pas répondre. j'ai franchement cru qu'il était parti...
je crois que c'est ce qui m'a fait le plus mal et le plus peur, car je ne me souciais même pas de mon état, je voulais juste l'entendre parler à nouveau, puis d'un coup, un bruit, un gémissement, il a commencé à reprendre connaissance en hurlant de douleur, mais dans ma tête à moi, c'était pas grave, parce même s'il avait mal, il était LA.

Ensuite, tout c'est passé très vite. Le transfert à l'hôpital, les urgences, les lumières blanches du plafond et les radios interminables, puis l'opération et hop, fini. N'empêche que pour ceux qui ont déjà goûté à la morphine, je bénis celui qu'il l'a inventée, car c'est incroyablement efficace cette petite chose là !!! Une piqûre,et hop, la douleur disparaît, et on atterri dans un autre monde!!! Franchement bien. Bon, trêve de plaisanterie, quand même.

Bilan des courses :

1- mon copain : fracture de L1 (plaque dans le dos), fracture de la main (broche), et plaie avec arrachement sur tout le quadriceps gauche, trauma crânien
2- moi : fracture ouverte de la rotule, plus plateau tibial, trauma crânien
3- son pote : saignement au foie et la rate, sans gravité car pris en charge à temps
4- sa copine, qui elle a fait la culbute, et s'est relevée aussitôt : entorse du 4e doigt gauche

Aujourd'hui, mon copain doit encore se faire opérer, suite a sa plaie de la jambe qui ne se referme pas bien ( ça va faire presque une année!!).
Et moi je viens d'être consolidée après 11 mois d'ITT (Incapacité Temporaire Totale). actuellement j'ai plus de rotule au genou gauche et je dois vivre comme ça.
Pour nos potes, il s'en sont bien tirés car en deux mois ils ont été rétablis.

J'aurai encore tellement de choses à dire, mais bon, je préfère laisser les gens compétents (style avocat) s'occuper de ces choses là, car moi je ne serais certainement pas très diplomate avec nos amis les assureurs. Notez le bien, même en ayant aucun tort, ils ont essayé d'enfoncer mon copain sur des trucs bidon... mais bon.

A part ça, moi je ne pourrais pas dire à l'heure d'aujourd'hui comment je le vis, car je suis encore au coeur du problème. Le seul truc que je sais, c'est qu'avant cet accident j'avais comme projet de passer mon permis moto, et malgré ça, c'est une chose que je me suis promise de réaliser sur mon lit d'hosto, si j'arrivais à bien me remettre. Eh bien ce soir j'ai déposé mon dossier d'inscription à la moto école, et d'ici l'été, y 'aura une motarde en plus sur les routes!!

J'aime la moto, et c'est une chose que je ne pourrai remettre en cause, pour des bouseux de paysans qui n'ont jamais eu le permis de leur vie,et qui se croient tout permis sur leur tracteur. Seulement, je garderai peut être plus la tête sur les épaules à l'obtention de mon permis. Un motard averti en vaut deux!!

Une dent dure - Danger totalement imprévisible

(Initialement publié le 06/11/2004)
Par YoYo


Lionel alias YoYo - 37 ans - Honda 800 VFR V-tec

Un jeudi d'octobre - Nuit (22h30), chaussée sèche en bon état Département : 35 (Ille et Vilaine) route départementale, ligne droite - Vitesse limitée : 90 km/h - Retour de restau, sans alcool ;-)


Le récit

Il y a presque 2 ans, j'ai pris ma plus grosse gamelle. Un charmant paysan venait de retourner son champ avec sa herse et son tracteur. Pour rentrer chez lui, il a coupé une route de campagne sur environ 50 mètres. Là il a perdu une dent de sa herse, et l'a laissé en plein milieu de la voie. Ce charmant monsieur a tout naturellement changé sa dent en arrivant chez lui, mais n'a même pas eu la présence d'esprit d'aller voir si par hasard elle était sur la route.

Et voilà qu'YoYo rentre chez lui en sortant du resto, prends la dent sur la roue arrière, et va droit au tapis. La dent m'a ouvert le pneu et la jante.
Le bilan fut quand même un peu lourd : 4 interventions chirurgicales, 21 mois d'arrêt de travail, et un poignet bloqué avec greffe d'os et arthrodèse (immobilisation forcée et normalement, définitive, d'une articulation).

Alors juste une question, elle pouvait faire quoi ma cervelle de motard responsable ??
Mon exemple est assez représentatif, il faut arrêter de croire que l'on peut tout maîtriser sur la route. Ce qui me dérange le plus dans cette histoire, c'est que ce paysan a blessé une personne, et n'a eu aucune conséquences. C'est la responsabilité civile de son exploitation qui a fonctionné, étant donné qu'il n'était plus au volant de son tracteur.


Conversation brulante - Inattention et téléphone portable

(Initialement publié le 24/10/2004)
Par YVES

Yves - 36 ans - Suzuki Van-Van RV 125
En semaine au mois de septembre - Plein jour, temps couvert, chaussée sèche en bon état Département : 92 - En agglomération - Ligne droite, vitesse limitée : 50 km/h - Motif du déplacement : Travail


Le Récit

Je suis "motard" depuis bientôt 2 ans (en 125 et en 650 depuis mai) en région parisienne.
Il y a 4 semaines, je suis tombé en 125 à cause d'un automobiliste qui a subitement fait demi-tour alors que j'arrivais à sa hauteur ... Il ne m'avait pas vu : il était au téléphone GSM (sans kit main libre bien entendu).
Je n'allais pas vite, et je ne l'ai donc même pas touché, mais mon freinage d'urgence ayant bloqué la roue avant, je suis tombé. La moto n'a rien si ce n'est une légère éraflure sur le chrome du clignotant arrière gauche ... et je m'en tire ... avec une brûlure au second degré profond au niveau du genou droit : j'ai en effet "accompagné" la chute de ma 125, mais ça m'a mis en contact avec le pot d'échappement en sortie de moteur pendant 1 seconde, ce qui a suffit pour me brûler à travers mon pantalon en coton.
Pas trop de bobo donc, et je suis reparti sur ma moto en maudissant les utilisateurs de portables, et en soignant toujours, depuis 4 semaines, cette brûlure qui fini enfin par cicatriser et à être un peu moins douloureuse !


Brutale fin de journée

(Initialement publié le 13/07/2004)
Par KRISTOF

Kristof - 24 ans - Yamaha 125 TW
En semaine au mois de Mars - Crépuscule
Temps couvert, chaussée sèche en bon état
Département : 44, en agglomération - En ligne droite - Vitesse limitée : 50 km/h


Le récit


Je rentrais du travail vers 20 h quand, en sortant d'un rond-point et en m'engageant dans la ligne droite qui suit, je remarque une voiture arrêtée sur l'autre voie. En arrivant à sa hauteur je ralentis légèrement (dans le doute), 50, 45 km/h, quand celle-ci coupe brutalement la chaussée pour aller se garer sur un parking situé de mon côté de la route et juste au moment où je passais.
Je signale que mes feux étaient correctement allumés.
L'avant de la voiture me percuta en pleine accélération sur le côté gauche de ma moto.

Résultat, beau salto par-dessus la voiture et gros bobo à ma jambe gauche, multiples entorses.

Une si belle journée hivernale. Automobiliste étourdi

(Initialement publié le 12/07/2004)
Par PETITJEAN

PetitJean - 40 ans - BMW R 1150 GS (neuve)
Un week-end de novembre - Plein jour, soleil et chaussée sèche
Département : 49 (Maine et Loire), route départementale
Intersection en T Vitesse limitée : 50 km/h


Le récit
J'abordais l'intersection, j'allais en face de moi dans une intersection en T, la super 5 en face de moi a tourné sur sa gauche. Moment d'inattention du conducteur de la Renault, pas d'alcool, pas d'excès de vitesse. Je me trouvais à moins de 5 kms de mon domicile, mon véhicule était neuf de la veille au soir, 125 km au compteur au moment de l'accident.
Je pilote des motos depuis 24 ans, dont des BMW GS depuis 1983. En tant qu'enseignant de conduite je maîtrise le freinage d'urgence et l'évitement.
Le point d'impact de ma moto a été la roue avant sur l'aile avant gauche de la super 5. La colonne de direction de la moto a fait office d'axe de rotation, après pivotement, j'ai percuté le véhicule avec le côté gauche sur le côté droit du véhicule R 5.
Résultat : R 5 : épave ; BMW R 1150 GS : épave. Pilote de la moto : traumatisme crânien, cage thoracique enfoncée, 4 vertèbres de fracturées, fracture du fémur gauche, plus contusions diverses. Intubé et perfusé sur place, 10 jours de réanimation, un mois d'hôpital, 2 interventions chirurgicales, 22 mois d'arrêt maladie, 150 séances de kinésithérapie en balnéothérapie, séances d'orthophonie. Conséquence reconnue : travailleur handicapé catégorie C, carrière professionnelle de moniteur poids lourds irréalisable cause perte des permis poids lourds (hemaniopsie).

Une vie à reconstruire, familiale, physique, professionnelle, mais toujours motard dans l'âme et dans l'action.

La loi du plus fort : le shérif

(Initialement publié le 28/02/2005)
Par PHILIPPE

Philippe - 36 ans - Suzuki 125 AN (scooter)

Semaine en décembre - Lever du jour, chaussée sèche en bon état

Département : 44 (Loire-Atlantique) - Courbe sur la droite - Vitesse limitée : 80 km/h


Le récit

Je roulais alors en scooter 125. Un matin en allant au boulot, on roulais en file continue à environ de 70km/h.
Bien sage dans la file,roulant sur la droite de la chaussée, j'ai été surpris d'apercevoir dans mon rétro la voiture qui me suivait monter à ma hauteur... pour se rabattre volontairement sur moi! Sans réaction rapide de ma part, sa manoeuvre ne pouvais que me faire aller au tas! Je m'en suis sorti grâce à un bon coup de frein. La voiture en question s'est arrêtée 500m plus loin: elle avait atteint sa destination ! Je me suis arrêté aussi... pas pu résister...

En fait, ce conducteur modèle avait considéré que je devais, en tant que scooter, utiliser la piste cyclable! A cet endroit, il existe effectivement un piste cyclable séparée de la route par un fossé et une haie. Particularité : elle est obligatoire aux cycles et mobylettes. Pour lui, un scoot 50 80, 125 (ou autre ?), c'est une mob, point barre ! Il doit donc rouler sur la piste cyclable! Rien à faire sur SA route ! Il m'a donc tout naturellement dégagé !

Impossible de lui faire entendre raison et j'ai vu le moment où cet énergumène allait me cogner dessus!!! Sur le moment, je me suis dit que quand la connerie dépasse un certain niveau, on en prend sa part et on la laisse passer. Maintenant, je regrette de n'avoir pas porté plainte contre lui histoire d'éviter qu'il ne tue quelqu'un... mais bon, sur le moment, l'idée n'est pas venue.

Jeu de C... Course-poursuite sous contrainte

(Initialement publié le 24/10/2004)

Par VINCENT

Vincent - 20 ans - Honda CB 500 Street Bike

Week-end en janvier - Plein jour, temps couvert, chaussée sèche en bon état
Département : 44 (Loire-Atlantique) - 2 x 2 voies, ligne droite, courbe à droite, puis à gauche - Vitesse limitée : 110 km/h


Le récit

J'effectue une course urgente sur la 4 voies qui relie Nantes à Saint-Nazaire, dans la direction de Nantes.
Une voiture me colle au train (moins de 2 mètres entre son pare-choc et ma roue arrière) alors que je roule déjà à 130 km/h.
Appel de phare, la voiture me double et les passagers me font des bras d'honneur. Elle se rabat et freine. Je m'apprête à la redoubler mais elle se met devant moi. J'arrive à la doubler, mais elle ré-accélère et me recolle au train.
Tout ce cinéma s'est répété sur plusieurs kilomètres, jusqu'à une ce que l'automobile me fasse une magistrale queue de poisson, qui à failli me mettre au tas.
Me retrouvant devant, je prends la première sortie et je m'arrête sur le bord de la route près d'un rond-point. Le fêlé me suis et a traversé le rond-point sans même regarder, manquant de provoquer un accident.
Bref, un taré !

Note :
Le but du " jeu " du conducteur de la voiture paraît être d'obliger le pilote de la moto à faire la course avec lui. Il semble qu'un certain nombre de motards se soient retrouvés dans cette délicate situation. Sur route, il n'est pas facile de se débarrasser de la voiture, d'autant qu'il est aussi dangereux d'être devant que derrière celle-ci.

Le souffle de la mort

(Initialement publié le 12/07/2004)

Dépassement optimiste : tout faux Monsieur l'automobiliste

Gilles - Suzuki 650 "Freewind"
En semaine au mois d'août - Plein jour, soleil, chaussée sèche en bon état
Département : 03 - Nationale (étroite) - Ligne droite, vitesse limitée : 90 km/h


Le récit

Je roulais à 90 km/h sur une longue ligne droite qui traversait une forêt. La route était en bon état mais étroite pour une nationale ; la circulation était fluide dans mon sens de circulation, mais dense avec de nombreux camions en sens inverse. Je vis une voiture, dans le sens inverse, doubler un camion et très vite je me rends compte qu'elle ne pourrait pas terminer son dépassement avant de me croiser.
C'est incroyable le nombre de pensées que l'on peut avoir en une fraction de seconde dans une situation d'urgence !

J'examinais " posément " la situation.
Première éventualité, le freinage d'urgence. Rejetée ! j'aurais été percuté avant même l'arrêt de ma machine.
Deuxième possibilité, mordre sur le bas côté. Impossible, le bas côté avant le fossé était très étroit et la terre meuble. Chute assurée si je mordais dessus.
Troisième solution, à la kamikaze : plonger dans le fossé et bloquer les freins. Non retenue, car si le fossé était large et relativement peu profond, il était parsemé de grosses pierres et de souches d'arbres.
Donc, je donnai un coup de frein appuyé mais sans plus, qui a du faire baisser ma vitesse à 70 km/h (ma pensée était que ce serait toujours ça de gagné). Je rentrai une vitesse en accélérant légèrement pour garder de la motricité, positionnai ma roue sur l'extrême limite du bitume et fixai mon regard le plus loin possible sur le bord droit de la chaussée. Le plus dur restant à faire : ne pas dévier mon regard vers la voiture qui devait être toute proche, pendant une seconde, qui m'a parue une petite éternité. J'ai senti le souffle de la voiture et je ne saurai jamais combien de centimètres nous séparaient au moment du croisement !

Ensuite, je me suis arrêté à la première entrée de chemin forestier et je me suis assis au pied d'un arbre pendant un bon quart d'heure. Et en attendant que mon cœur reprenne un rythme de croisière, je pensai au bonheur que j'aurais de retrouver ma femme et mes enfants.

J'ai eu la chance que cet incident soit survenu à un moment où j'étais en pleine possession de mes moyens. Je ne peux pas être certain que demain, devant la même situation, je pourrais réagir avec autant de calme.

Gilles

mercredi 16 avril 2008

Réponse à un article "fumeux"

(Initialement publié le 20/08/2006 - Maj en fin d'article)

Lu dans la rubrique "point de vue" du Ouest France du 12/08/06.
Ecrit par Michel GODET, professeur au conservatoire national des arts et métiers, auteur du CHOC de 2006. Edition Odile Jacob.

"LE POUVOIR, LE MOTARD et le FUMEUR".

Le gouvernement a renoncé à interdire le tabac dans les lieux publics et de travail, une réforme pourtant attendue par 80 % des Français et qui a été réalisée avec succès dans l'Irlande des Pubs, et même en Italie. "Le tabac tue", mais on a cédé devant le lobby des buralistes et, dans les bars comme dans les cafés, il est encore difficile d'échapper à ce poison. Plus de 40000 décès par an (cancers du poumon notamment) sont directement liés au tabac. Il y a pourtant, parmi les non-fumeurs, 3 000 morts par an victimes du tabac des autres (soit plus de la moitié des morts par accident de la route). En renonçant à l'intérêt général au profit des minorités, le pouvoir trahit la démocratie. On objectera que la main de fer sur la sécurité routière a porté ses fruits, mais la répression a concerné d'abord les automobilistes isolés, guère les poids-lourds et encore moins les motards. Pourtant ces derniers avec 1% de la circulation représentent 10% des morts sur les routes. Mais rien n'est fait pour contrôler leur vitesse, les radars étant impuissants. Pour les motards, donnons une solution simple pour les ramener au droit commun : imposer, comme c'est le cas en Colombie pour les policiers et les motards, le port d'un dossard où les numéros d'immatriculation sont écrits, à l'avant comme à l'arrière, en gros caractères fluorescents. Ces derniers mois j'ai lancé l'idée auprès des parlementaires et ministres que j'ai rencontré, aucun n'a saisi la balle au bond. L'un deux m'a seulement déclaré qu'il ne fallait pas compter sur lui pour prendre le risque de mécontenter et mettre dans la rue les motards !


REPONSE :

Monsieur,

J'ai lu avec intérêt votre " point de vue " concernant le tabac et les motards (Ouest-France du 12/08/2006).
Concernant les motards, vous dites : " rien n'est fait pour contrôler leur vitesse, les radars étant impuissants ". En effet, comme la plupart des radars flashent dorénavant par l'arrière, pourquoi ne proposez-vous pas la pose d'une plaque minéralogique à l'arrière des motos ? Vous seriez novateur !

Vous laissez entendre que tous les motards tués le sont parce qu'ils ne respectent pas les limitations de vitesse. Vous avez raison, il est temps de dénoncer les mensonges des compagnies d'assurances qui prétendent que 70 à 75 % des motards accidentés ne sont pas dans leur tort. Alors qu'il est évident que ces compagnies ne recueillent de modestes primes d'assurances, uniquement pour avoir le plaisir de gaspiller d'énormes sommes en remboursement des préjudices des accidents, causés par ces mêmes motards. Cette philanthropie est inacceptable dans la société au service de l'économie, que vous prônez.

Vous rappelez également, et à juste titre, que la démocratie, c'est l'intérêt général contre les intérêts particuliers. Et vous citez comme exemple un état, parangon de démocratie : la Colombie. Il est heureux pour la démocratie d'avoir des " leaders d'opinions ", des gens probes et éclairés tels que vous, pour désigner au peuple quelles sont ces minorités ennemies, qui doivent être combattues sans faiblesse.

Donc, en tant que motard, je souscris totalement à votre idée de dossard, mais comme je suis également fumeur, je pense rajouter une tête de mort fumant une cigarette, afin de prévenir les non fumeurs.
Je dois malheureusement reconnaitre que je fais partie également d'autres minorités que vous pourriez juger " à risques ". Ainsi, je suis jeune, noir, juif (quoique récemment converti à l'islam le plus extrême), et homosexuel. Je suis né dans une banlieue défavorisée, et je ne refuse jamais une petite dose d'opium au petit déjeuner, tout en écoutant du black métal à tendance sataniste.

Aussi j'ai peur que mon dossard ne devienne peu lisible. Mais peut-être avez-vous une solution pour mon cas ?

Avec mes salutations.

Gilles
Expert en accidents des deux-roues motorisés

P.S. J'avais songé à transmettre votre " point de vue " à des familles dont l'enfant, motard, a été tué par l'imprudence d'un autre véhicule. A la réflexion, vos propos sont d'une telle inconséquence, que je ne pense pas a propos de raviver leurs douleurs.


Note :
Même si se sont les motards qui sont visés par cet article, celui-ci soulève un problème de société plus vaste et inquiétant. Des personnes se présentant comme membres de " l'élite " intellectuelle cherchent à instiller la peur, et désignent un groupe comme présentant un danger pour la majorité de la population. Ils assènent des affirmations présentées comme authentifiées, soit par leurs connaissances présumées, soit par des études " scientifiques ", dont on ignore autant la méthodologie que le financement. Il est ensuite facile d'exiger des mesures répressives et/ou discriminatoires, au nom de la majorité et de la démocratie.
Si nous motards, qui avons été particulièrement été visés par ce type de désinformation, pouvons faire le tri dans le domaine que nous maîtrisons, il n'en est pas de même pour de multiples autres problèmes de société.
Donc soyons vigilants et restons sceptiques, et même si ce n'est pas toujours possible, essayons de voir les choses par nous mêmes.

Gilles

Note du 16/04/2006

Bien entendu, je n'ai reçu aucune réponse de cet individu.
Cependant, les idées de Michel Godet, progressent, que ce soit sur l'interdiction du tabac, ou la baisse des impôts pour les plus riches. Preuve : la Ligue Contre la Violence Routière arbore dans les réunions le fameux dossard Colombien !

Propagande de Robien, colère de motard

(Initialement publié le 20/03/2005)

Quelques propos visqueux et méprisants

Le ministre de Robien et son séide Rémy Heitz, dialoguaient en direct avec des internautes le 22 février 2005, sur le sujet de la sécurité routière, en général.
http://www.premier-ministre.gouv.fr/information/actualites_20/securite_routiere_gilles_robien_52349.html

Rien de bien passionnant dans ce discours lénifiant à base de " soyons raisonnables " et de langue de bois.
J'ai quand même relevé quelques phrases qui m'ont particulièrement hérissé.

Question : " A quand la taxe sur les 4x4 les plus polluants ? "
Réponse de Robien :
" C'est toujours attrayant de taxer et de créer des impôts nouveaux pour régler les problèmes ".
Ca c'est le moins qu'il puisse dire. Le porte-monnaie de très nombreux usagers a effectivement été allégé grâce à de Robien.
" Or, ce n'est pas parce qu'on est 4x4 qu'on est plus polluant que d'autres voitures qui peuvent avoir des émissions de CO2 plus importantes que certains 4x4 ".
Voyons, ce n'est pas ce même de Robien qui soutenait l'idée d'un bonus-malus anti 4x4 au printemps 2004 ?
L'image d'un ministre courageux et droit dans ses bottes, va s'en trouver sérieusement écornée.

de Robien :
" Je suis effectivement motard avec une petite moto de 125 cm3. […] ".
de Robien ayant laissé dire de nombreuses gentillesses sur les motards (asociaux, irresponsables, drogués…), à sa place j'éviterais de me coller l'étiquette de " motard ".
" Je trouve normal, sur la route, d'avoir à la fois son feu de croisement allumé et que les voitures l'aient aussi. En tant que motard, je vois maintenant beaucoup mieux les véhicules à quatre roues ".
Personnellement, je ne me suis jamais fait surprendre par une automobile que je n'aurais pas vue. de Robien fait probablement partie des 30% de conducteurs qui ont un défaut visuel non corrigé (chiffre de l'ASNAV, Association Nationale pour l'amélioration de la vue).
" Les motards souhaitent une baisse de la TVA sur les casques. Je trouve que c'est une mesure dérisoire par rapport à l'hécatombe des deux-roues ".
Pour de Robien il y a les mesures utiles et de bon sens comme de placer des radars aux endroits rentables et non dangereux. Et il y a les mesures " dérisoires ", celles qui coûteraient une poignée d'euros aux caisses de l'état.
Je retiens surtout le mépris de ce grand bourgeois envers les citoyens " d'en bas ".
Soixante euros de TVA sur un casque, c'est effectivement " dérisoire " pour les revenus d'un ministre.
Pour moi, c'est la possibilité d'acheter en plus une bonne paire de gants de protection.

de Robien :
" La hauteur des sanctions dépend de la gravité de la faute ".
Heitz :
" Parmi les facteurs les plus graves d'accidents, il y a la vitesse (1 accident mortel sur 2), l'alcool (1 accident mortel sur 3), et le non port de ceinture (1 accident mortel sur 5). Il y a bien sur d'autres infractions, mais il faut cibler l'effort des forces de l'ordre sur ce qui permet d'éviter le plus d'accidents ".
C'est logique et surtout pratique. Vitesse alcool et ceinture de sécurité sont les trois infractions les plus faciles à sanctionner et donc les plus rentables financièrement pour l'état. Il est donc " utile " de les considérer comme les plus graves et les plus fréquentes.
Quant aux autres infractions, elles sont difficiles ou impossibles à sanctionner, donc non-rentables, donc on n'en parle pas.
Citons quelques infractions " mineures " délaissées par Rémy Heitz :
Fatigue (première cause d'accident en Grande Bretagne), dépassement dangereux, non respect des distances de sécurité, infrastructures dangereuses ou inadaptées (en cause dans 30% des accidents), refus de priorité (principale infraction dont sont victimes les pilotes de 2-roues), stop ou feux grillés, drogues et médicaments , téléphone portables, absence de clignotant, mauvaise vue, etc…

Une des conclusions du rapport MAIDS (Motorcycle Accident in Depth Study), indique :
" Parmi les principales causes d'accidents, plus de 70 % des conducteurs d'autres véhicules ayant commis une erreur humaine n'ont pas détecté la présence du deux-roues à moteur ". " en raison d'un moment d'inattention, d'une obstruction temporaire du champ de vision ou de la faible visibilité du deux-roues ".

Cette erreur humaine tue chaque année des centaines de nos copains.
Il y a urgence à réformer le permis de conduire et à lancer des campagnes de sensibilisation.
Et que fait le ministre ? Une propagande noire visant à accréditer l'idée que tous les pilotes de 2-roues motorisés sont responsables de leur accident en raison de leur inconséquence.

Est-ce là, une attitude digne et responsable, telle qu'on l'attend d'un ministre?

Gilles

M 6 - Réponse à l'émission du 10 octobre 2004

Article par Ph. Deruffe (Initialement publié le 03/11/2004)

Zone Interdite : Outing de 3 personnalités françaises qui se déclarent ouvertement anti-motards le dimanche 10 octobre 2004 sur l'émission de M6.


C'est au véritable démarrage de la constitution d'une liste officielle des personnalités françaises se déclarant anti-moto et anti - 2 roues qui a commencé le dimanche 10 octobre 2004 au cours de l'émission " Zone Interdite " de M 6

Par ordre alphabétique, les trois premiers sont Philippe Denormandie (chirurgien), Gilles de Robien (ministre), Bernard de la Villardière (présentateur) : ils se sont ouvertement déclarés contre les motards et autres conducteurs de deux-roues.

Qu'ils soient assis dans un fauteuil les autorise à parler de quelque chose qu'ils ne connaissent pas, du courage qu'ils n'ont pas : au quotidien, ils préfèrent conduire dans un fauteuil et dans un confort matériel moral et intellectuel qu'ils semblent tenir depuis leur naissance.
Leur seul mode de vie c'est le moi d'abord, le toujours plus pour moi, et le je ne comprends pas celui qui pense ou agit différemment de moi : à l'image de la voiture, ils sont coincés dans leur bulle avec climatisation et musique.

De culs assis, veulent-ils aujourd'hui devenir les vrais culs rassis de notre société, de ceux qui la bloquent de tous les côtés avec de tels raisonnements : s'il y a du chômage, c'est à cause des chômeurs, etc…
Quand ils étaient jeunes, mais de quoi rêvaient-ils hormis de stéréotypes et autres modèles sociétaux !…
Leur parcours toujours protégé ne leur a pas appris à connaître le courage et la prudence dont le 2 roues doit faire preuve tous les jours face aux comportements des populations à 4 roues.
D'ailleurs, même un vieux motard de 55 ans a été effaré que des hommes par ailleurs fort respectables et propres sur eux puissent tenir de tels propos sans s'apercevoir du tas de conneries débitées à la minute.

Ils reflétaient bien ce que pensent eux et leurs voisins de classe à grosses berlines : et c'est dommage car sans recul aucun ils ne disaient que des insanités qu'on n'ose même plus tenir au café du commerce où les petits font preuve de plus de compréhension et de plus de connaissance de la vie.
Ces hommes qui ont tout pour eux, la réussite, la reconnaissance de leurs pairs, et tout le confort matériel qui va avec, sont tombés dans la ouate du mépris, et dans le plus facile : celui du jeune et du motard.

Chacun a pu souffrir de voir ces hommes , véritables démonstrations vivantes de la chance et du talent pour être aux postes qu'ils occupent, évacuer d'un revers de manche le monde de la moto et le poser en ennemi de la raison dont l'automobile serait le seul garant.
Comme s'ils étaient jaloux de la liberté et du courage, comme si leurs belles voitures ne les rendaient pas vraiment heureux.
Que le médecin réparateur en ait marre des dégâts de la véritable hécatombe que constitue la circulation routière en France, on le comprends. Mais d'habitude sa pratique nécessite qu'il sache faire la différence entre la cause et le symptôme.
Les blessés qui lui arrivent sont souvent les plus faibles ou les plus malchanceux. Et ce ne sont pas ceux à qui ils faut s'en prendre.
Nous vivons dans un monde de liberté où chacun selon ses moyens peut choisir son mode de locomotion, sans avoir à supporter d'anathème sur son choix. Sinon, chacun pourrait en rapporter de belles à ces messieurs sur les comportements très répréhensibles et très médiocres des grands bourgeois en grosses berlines, voire en 4X4, en ville comme sur l'autoroute.
Mais ceux-là seront toujours protégés, n'est-il pas vrai ?

L'automobiliste moyen est gentil avec les motards : il tourne son volant à l'arrêt dans la file où serre à la corde dans la courbe pour laisser passer le motard. Dans la très grande majorité des situations la courtoisie arrange tout et facilite le quotidien de chacun comme l'écoulement du trafic.
Et l'automobiliste moyen, le même qui l'a laissé passer envie le motard car sa moto représente la liberté et le plaisir et un peu plus d'accélération : cela s'appelle le rapport poids puissance !…
Et il y a ces grands bourgeois qui rêvent de mettre du plomb sous nos selles comme pour les chevaux de course pour qu'en moto on n'aille pas plus vite qu'eux !…
Eh oui messieurs, soyez jaloux : la moto c'est la Ferrari du pauvre mais lui au moins il l'a et il en profite !

Et votre vieux rêve d'une France de moutons gris raisonnables à s'ennuyer ressemble à celle de très vieux messieurs qui ne peuvent plus rien faire et qui ont oublié les enfants et les jeunes qu'ils ont été.

A vous messieurs, les propos que vous avez tenus ont du faire du bien à la vésicule, mais ils n'ont pas fait de vous des modèles. Loin s'en faut.
Qu'avez vous fait de vos 20 ans mais aussi de vos responsabilités sociales qui exigent de vous dans les médias un autre comportement : vous n'avez fait que reprocher aux motards ce que l'on peut reprocher à la totalité du contenu de l'émission à laquelle vous avez participé. Heureusement que chaque jour les automobilistes et les motards n'ont pas votre comportement ; Car, là, ce serait la pire des hécatombes, et sans pitié.
Le petit peuple des motards attend vos excuses .

Ph.DERUFFE, citoyen motard
phderuffe@oreka.com

Allumage des feux de jour et environnement

Article par Joseph (Initialement publié le 14/10/2004)

Conséquences environnementales et médicales de l'expérimentation de Robien concernant les feux de jour.



En termes de pollution atmosphérique et de conséquence sur l'effet de serre :

- L'A.D.E.M.E (Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) estime à environ 0.5% la surconsommation générée par la mesure.
- Les constructeurs estiment à plus de 2% la surconsommation générée par la mesure, en fonction des modèles de véhicules.
- La F.F.M.C (Fédération Française des Motards en Colère) estime entre plus de 0.9% et 1.7% la surconsommation générée par la mesure.

Ce sont donc entre 600 millions de litres et 700 millions de litres qui seront consommés en plus de la consommation actuelle.
En équivalent / tonne CO2 rejeté dans l'atmosphère, cela correspond entre 650.000 tonnes de CO2 et 750.000 tonnes de CO2 qui seront rejetées dans l'atmosphère, qui participeront à l'élévation de la température terrestre avant d'être en partie absorbées par les fonds marins par le biais des puits de carbone. Cela participera par conséquent à l'élévation de la température des océans déjà très problématique, donc à leur dilatation déjà fortement commencée, et par voie de conséquence à l'augmentation des fortes perturbations, raz-de marée, élévation du niveau des mers.

En terme de déchets, il faut savoir que cette mesure amènera l'automobiliste à changer ses ampoules 2 à 3 fois par an. Sachant qu'il y a environ 40 millions de véhicules en France (chiffre à confirmer), et si l'on se base sur 2 changements d'ampoules par an, et qu'un changement concerne 2 ampoules à l'avant et 2 ampoules à l'arrière, soit 4 ampoules au total / changement , on obtient le calcul et résultat suivant :

4 ampoules x 2 changements/an x 40 millions de véhicules = 320 millions d'ampoules.

Or en 2004, seuls les déchets mono composites, c'est-à-dire composés d'une seule et unique matière, ou les déchets multi composites mais dont on peut facilement séparer les composants afin de ne retrouver que des mono composites sont totalement recyclables.
Ce qui n'est absolument pas le cas des ampoules, quel qu'en soit le type ou la nomenclature.
Par conséquent les ampoules usagées prendront le chemin des incinérateurs, générant des déchets ultimes de combustion non recyclables à ce jour, faisant l'objet de procédures d'enfouissement très onéreuses, ainsi que des tonnes de CO2 dues à la combustion elle-même.

Cette loi, en plus d'être extrêmement dangereuse pour la sécurité des deux roues et des piétons, est une aberration pour l'environnement.
La France a été l'une des premières nations à ratifier le protocole de KIOTO sur la limitation des gaz à effet de serre.
Elle vient de jouer un rôle essentiel dans le cadre de la communauté européenne pour décider les russes à ratifier ce même protocole.
Alors, serait-ce la politique du cordonnier le plus mal chaussé ? Du " faites ce que je dis mais pas ce que je fais " ?
Mr de Robien a t il oublié que notre président, Jacques Chirac, a eu un discours dur et intransigeant (et il a eu raison) lors du sommet de Johannesburg pour les pays qui ne faisaient pas d'efforts, et qui avaient signé ?
Le droit à une illusion de sécurité doit il générer le droit à polluer davantage ?

- A l'heure où toutes études, dans le monde entier, s'accordent à dire que le pétrole est une matière première qui aura disparu d'ici 70 ans (y compris les études faites par les pétroliers);
- A l'heure où les organismes d'état, comme l'A.D.E.M.E, les D.R.I.R.E (Direction Régionale de l'Industrie de la Recherche et de l'Environnement), les associations professionnelles en environnement font tout pour inciter la population à se diriger vers les énergies alternatives et les énergies renouvelables y compris dans les transports, et en versant des aides incitatives;
- A l'heure où les constructeurs d'automobiles français et mondiaux sortent de série des véhicules propres, hybrides ou à forte potentialité anti pollution (Voir le dernier Mondial de l'automobile avec la Prius, la C3…);
- A l'heure où de plus en plus de collectivités locales et territoriales achètent des véhicules électriques, G.P.L, des bus roulant au végétal (ce qui est le cas de Nantes et des communes avoisinantes, par exemple);
- A l'heure où l'Education Nationale rend obligatoire les contenus environnementaux ainsi que des actions d'éducation à l'environnement, de développement durable et d'éco citoyenneté de la petite école au lycée;
Et bien Monsieur de Robien nous incite à polluer plus pour pouvoir tuer plus de monde, à la fois parce que l'éclairage systématique de jour va générer plus d'accidents, mais aussi par ce que l'excès de pollution engendre l'excès de mortalité. (N'oublions pas que 80% de la population française est concentrée sur 20% du territoire, soit les grandes et moyennes agglomérations).

En terme de mortalité due à la pollution, de très récentes études dont toutes les chaînes de télévision se sont fait l'écho avec des reportages et des interviews à l'appui, montrent qu'un fort pourcentage de décès dans différentes tranches d'âges en agglomération est dû à la pollution atmosphérique et aux gaz d'échappement.
La pollution urbaine et les gaz d'échappement représentent également la première cause de maladies pulmonaires, d'allergies diverses nécessitant des traitements plus ou moins lourds chez les nourrissons et les jeunes enfants, toujours dans les agglomérations où est concentrée la majeure partie de la population. (De par la taille des enfants et la hauteur des poussettes / à la hauteurs des pots d'échappement, entre autres).

Alors faut il en rajouter ?...
Quel intérêt ce ministre a t-il à jouer avec la vie et la santé de la population ?
N'y a-t-il pas d'autres solutions que celle-ci, pouvant être sans peine mieux réfléchie, plus consultative, et par conséquent plus efficace ?

Joseph
Scientifique Environnement.